Les sources conservées aux archives départementales (matrices cadastrales et recensements de population) indiquent que les terrains correspondant à l'emprise actuelle (B 55 à 58 et 59 à 61) sont acquis par la municipalité, en 1894, pour l'installation d'un groupe scolaire de filles.
L'école communale de filles est créée en 1887, suite à l'obligation de sa prise en charge par la ville. Le projet d'acquisition d'un hôtel situé rue des Chanoines, inadapté à cet usage, n'aboutit pas et la ville installe l'école dans une maison en location rues Saint-Fursy et des Chanoines. En 1889, elle fait dresser un projet de construction d'une école de filles, école maternelle, orphelinat et magasin par l'architecte Omer Darcourt, sur les terrains de la propriété Vermond dont elle fait l'acquisition. Le projet comprend le remploi de bâtiments existants (ill.) et la construction de nouveaux bâtiments pour l'école de filles (au sud) et la salle d'asile (au nord), disposant chacune d'un accès indépendant depuis la rue Saint-Fursy. L'édifice abrite également des magasins aménagés dans l'étage de soubassement ouvrant rue Mollerue (actuelle rue Marurice-Devillers). En 1902, la ville est dans l'obligation de prendre en charge l'école maternelle et l'orphelinat est transféré dans l'ancien asile, rue des Blancs-Moutons. L'année suivante, la Chambre de commerce y est installée au rez-de-chaussée du logement des institutrices. Les nouveaux aménagements sont connus par le plan joint au dossier de demande de dommages de guerre (ill.), en 1920. Le descriptif précise que l'étage de soubassement du bâtiment des classes, à voûtains de brique, sert de salle de gymnastique, de salle de répétition pour la fanfare, de salle de préparation militaires et de jeux, enfin de magasin du matériel des fêtes.
Détruite durant la Première Guerre mondiale, l'école primaire de filles et l'école maternelle sont reconstruites rue Béranger, à l'emplacement de l'ancien hospice et de l'ancienne gendarmerie, et la chambre de commerce est installée dans un hôtel de la rue des Chanoines. La gendarmerie de Péronne, qui se trouvait initialement rue Béranger, est reconstruite à cet emplacement.
Suite à un échange de terrains, en 1923, le Département de la Somme lance un concours pour la reconstruction de la gendarmerie, dont le programme devait comprendre : un pavillon pour l'officier ; deux logements pour chefs de brigade ; huit logements pour gendarmes ; un bâtiment pour les services d'administration ; une écurie pour huit chevaux ; une écurie isolée pour deux chevaux ; une fosse à fumier couverte ; huit buchers pour les gendarmes ; salle de bain et buanderie, communs, deux buchers pour les chefs de brigade ; un garage automobile ; clôtures, etc... "Le terrain donnait accès sur deux rue, la rue Saint-Fursy et la rue Mollerue. Tous les services de la Gendarmerie devaient être sur la rue Mollerue ; l'entrée rue Saint-Fursy donnait dans la cour et servait pour le service privé des gendarmes et de leurs familles. L'officier devait avoir accès chez lui soit par la rue Saint-Fursv, soit par la rue Mollerue. Un marronier existant dans la cour à l'emplacement indiqué devait âtre conservé. En outre, toute la partie du terrain ABCD du plan était en contre-bas de 4 m. 50 environ du terrain donnant sur la rue Saint-Eursy. Un escalier devait permettre la communication entre ces deux parties du terrain".
Le projet lauréat est celui de M. Jupin en collaboration avec M. Pilet, D.P.L.G. Selon l'auteur de l'article consacré dans la Construction moderne, "il s'agit d'un projet pratique et bien conçu, [...] les auteurs ont su tirer habilement parti d'un terrain assez compliqué et respecter les dispositions d'un programme très minutieux". En revanche, dans un rapport du 8 octobre 1923, le capitaine Caron regrette que la pièce à usage de bibliothèque et cabinet de travail de l'officier soit placée dans le bâtiment de l'administration et non dans le logement de l'officier. Le rapport du directeur des Beaux-Arts concerne la question du financement de la reconstruction : "le projet présenté prévoit la construction d'un bâtiment d'une importance plus grande que celle de la gendarmerie détruite, accroissement d'ailleurs justifié pour des raisons d'hygiène et de convenance", dont le surcoût ne doit pas être financé par les dommages de guerre.
L'édifice est représenté sur le plan de 1944.