Dossier d’œuvre architecture IA80010004 | Réalisé par
Grimaud Romain (Rédacteur)
Grimaud Romain

Chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2011 à 2012.

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Kocourek Frédéric-Nicolas (Rédacteur)
Kocourek Frédéric-Nicolas

Enquêteur externe, chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2014 à 2016.

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  • inventaire topographique, Vimeu industriel
Le village de Vaudricourt
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) Baie de Somme - Trois Vallées

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Friville-Escarbotin
  • Commune Vaudricourt
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    abreuvoir, croix de chemin

Introduction

Au 7e siècle, Vaudricourt est connu comme lieu de résidence ordinaire du moine saint Valery, fondateur de l’abbaye de Saint-Valery.

Le village de Vaudricourt est mentionné, en 1239, dans la charte de Simon, comte de Ponthieu. En 1417, Jean de Vaudricourt, écuyer, vend la terre et la seigneurie de Vaudricourt, relevant de celle de Bouillancourt-en-Séry.

La famille de Rambures apparaît à Vaudricourt au cours du 15e siècle. Le 14 mars 1431, l’écuyer de Saint-Valery, Jehan de Rambures, achète pour la somme de 40 sols d’or, « un fief noble consistant en 17 journaux, trois quartiers de terre au terroir de Vaudricourt », puis, en 1463, un manoir au hameau de Poireauville. En 1780, la terre de Vaudricourt appartient à Joseph de Rambures, chevalier, vicomte et seigneur de Vaudricourt.

Le village

Le village s’est développé autour de l’ancien château (disparu), dont la présence est signalée par une éminence visible sur le plan par masse de cultures de 1807, et principalement en direction de Brutelles au nord-ouest. La route départementale 63 qui traverse le village, d’est en ouest, forme la principale voie de circulation.

Le plan par masses de culture donne une représentation du village en 1807.

Le plan cadastral de 1825 en donne une représentation plus précise, figurant notamment les propriétés communales : l'église et une demeure, rue du Moulin, l'ancien presbytère où réside le desservant jusqu'en 1851.

Le village disposait de plusieurs mares, repérées sur le cadastre napoléonien de 1825, dont le parcellaire conserve la trace pour deux d'entre elles.

La Rue de Bas et la Rue du moulin, réunies au centre du village par la rue Alphonse-Daudet, forment le cœur initial de l’agglomération marqué par l’église. Le village se prolonge au nord vers le quartier de Poireauville, ancien hameau de Saint-Blimont, rattaché à la commune en 1820. Dans ce hameau, peu à peu intégré au village, se trouve le manoir ou château de Poireauville. La mairie (ancienne école primaire et mairie) est située impasse Pierre-Blondin (anciennement rue du Cul-de-sac).

Au tout début du 19e siècle, le village est desservi par une chapelle, située au sud du village, à l’emplacement de l’actuel cimetière. L'église actuelle, dédié à Saint-Martin, est élevée en 1826.

Les sources conservées aux archives départementales (série O) indiquent qu'en 1836, la commune de Vaudricourt achète à MM Derambure, Buttel et Hénocque, une maison destinée à la tenue d'une école pour la somme de 900 francs. La couverture en chaume, fait l'objet d'une réfection en 1841. L'édifice se situe au centre d'un tissu dense et entouré de constructions, elles aussi couvertes en chaume. Une telle implantation interdit toute extension et fait craindre un incendie au maire de la commune M. De Rambures dans un courrier adressé au préfet dès 1852.

Suite à sa destruction par le feu en 1861, une nouvelle maison d'école est construite rue du Cul-de-sac (actuelle impasse Pierre-Blondin).

À partir de 1873, la municipalité loue, pour 200 francs par an une maison appartenant à Aldabert De Rambures, maire et propriétaire du manoir de Poireauville, pour y établir une école de filles.

L'ancien manoir (A 474 à 482) autour duquel le village de Vaudricourt s'est développé, est incendié et détruit, au début des années 1860. La municipalité émet alors un arrêté d'alignement afin de permettre l'élargissement de la rue de Sac (actuelle Impasse Antoine-Blondin).

Le presbytère est reconstruit face à l'église (A 472), à l'initiative de la fabrique, avant 1857. L'ancien presbytère, situé rue du Moulin (A 172-173), est revendu à Jean-Baptiste Deguerville, qui fait construire à son emplacement, une maison achevée en 1850.

L'habitat

L’ensemble du bâti essentiellement construit en brique et en torchis, forme aujourd’hui une même agglomération, l’ancien hameau de Poireauville ayant été peu à peu intégré au village.

Le nombre total de logements (maisons) était de 201 en 2009, composé de 179 résidences principales (89, 2 %), de 10 de résidences secondaires ou logements occasionnels (4,8 %) et 12 logements vacants (6 %).

L’habitat est formé de maisons et d’anciennes petites fermes, le plus souvent avec logis en rez-de-chaussée en fond de cours et bâtiment à fonction agricole dans l’alignement de la rue, en particulier rue de Bas. Les maisons construites à partir des années 1950 sont de type pavillonnaire en milieu de parcelle à l’image du lotissement concerté des rues André-Hénocque et Pierre-Curie.

En 1836, d’après les matrices des propriétés foncières, la commune comprend 135 maisons. Elle en compte 139 en 1851, 149 en 1881 et 129 en 1906.

La population maximale est de 615 habitants en 1841, tandis que le minimum de 317 habitants est atteint en 1946.

La présence de toitures de chaume est attestée par la présence d’un couvreur en chaume et les échanges épistolaires entre le conseil municipal et le préfet concernant les risques d'incendie liés aux toits en chaume, notamment dans la rue de Sac, aujourd'hui impasse Pierre-Blondin.

En 1860, le village subit un important incendie, rue du Cul-de-sac (actuellement impasse Pierre Blondin), détruisant notamment le manoir d’un certain Abraham Deguerville ainsi que la maison d’école qui abritait également une salle de mairie. Un nouveau bâtiment (étudié) est construit l’année suivante.

L’augmentation du nombre de maisons observée en 1968 en 2009 est à mettre en rapport avec, dans le même laps de temps, la diminution constante de la taille des ménages passant de 3,2 personnes par foyers en 1968 à 2,3 en 2009.

Un lotissement concerté est aménagé après 1970 dans la rue Curie et la rue André Hénocque, à l'est du village, en direction de Saint-Blimont.

Activité

Agriculture

En 1836, 82 personnes, soit 22 % des actifs, exercent une activité agricole. En 1851, 47 % des actifs travaillent dans le domaine agricole ; on compte alors 148 cultivateurs, fermiers ou ménagers ; 21 manouvriers ou journaliers ainsi que deux bergers. Trente ans plus tard, en 1881, l’activité agricole prédomine toujours. Elle occupe 52 % des actifs avec 57 cultivateurs et 28 journaliers et manouvriers ainsi 2 bergers et 4 marchands de bêtes.

En 1906, 98 habitants de la commune exercent la profession de cultivateur ou de journalier agricole.

D’après le recensement de 1936, 55 habitants exercent une activité agricole (cultivateurs, ouvriers agricole).

En 2000, 8 (11 en 1988) exploitations agricoles regroupaient une superficie agricole utilisée de 607 hectares (448 ha en 1988) soit une sur SAU moyenne de 76 ha (40 ha en 1988). La tendance vers la concentration des terres agricoles s’est encore accentuée puis qu’en 2010, la commune 5 exploitations pour une SAU de 646 (ha) soit une moyenne de 129 hectares par exploitations. La part des terres labourables a également augmenté (511 ha en 2010 ; 460 ha en 2000) part rapport à la Surface toujours en herbe (147 ha en 2000 ; 132 ha en 2010). (Données AGRESTE).

Artisanat et industrie

La carte de Cassini de 1757 figure un moulin à Poireauville.

Deux moulins appartient au fabricant d'huile Frédéric Deguerville sont représentés sur le cadastre napoléonien de 1825, l'un au Chemin des Plantes (B3 661 à 664), le second, à la Cavée de Belloy (B3 622, 623).

Un moulin appartenant à Nicolas Leleu (B292) est démoli en 1849.

Les recensements indiquent que le moulin à huile situé rue de Poireauville est en activité de 1851 à 1881.

Un autre moulin, à blé, est mentionné dans les recensements de population, Rue du Moulin. Ils sont aujourd’hui détruits.

Les matrices cadastrales signalent la présence de deux moulins, l'un appartenant à Frédéric Deguerville, fabricant d'huiles, l'autre appartenant à Nicolas Leleu, démoli en 1849.

En 1872, Clément Deguerville (1836), fabricant d'huile (rue de Poireauville). 1906 Willima Duputel, rue de POireauville.

rue du Moulin Deguerville meunier 1872 et 1881 et 1906.

Les recensements de population signalent également la présence de briquetiers : Jean-Baptiste Follet (1851, rue de Bas et 1872, rue du Moulin), Joseph Flet (1881, rue du Moulin) et Pierre Depoilly (1872, rue de Bas), d'un couvreur en chaume (1851, rue du Sac) et de 4 charpentiers.

Le textile

L’activité textile est très importante au début du 19e siècle à Vaudricourt. Sur un total de 135 ménages, le recensement de 1836 mentionne l’existence de 60 tisserands et 173 fileuses, femmes et filles des cultivateurs du village. Cette activité décroît progressivement pour disparaître vers 1880. On dénombre seulement 23 tisserands et 54 fileuses en 1851, 24 tisserands en 1872 et un seul en 1881 et en 1906. Les fileuses disparaissent dès 1872. En 1881, on voit cependant apparaître des marchands de lin (Depoilly, 1881, rue Saint-Blimont), de toiles (F. Ratel, 1881, rue de Poireauville).

Localisation

1836

1851

1872

1881

1906

rue de Bas

14

9

0

0

rue du Moulin

4

0

0

0

rue de Poireauville

5

4

0

0

rue de Brutelles

-

5

1

1

Total

60

23

24

1

1

Répartition des tisserands dans le village de Vaudricourt, entre 1851 et 1906.

La serrurerie

Bonnot dans Détail général des fers, fonte, serrurerie, ferrure et clouterie, à l'usage des bâtiments, publié en 1782, ne mentionne aucun fabricant de serrurerie sur le territoire communal.

L’activité serrurière se développe au 19e siècle.

En 1836, le village compte 14 serruriers, qui sont de jeunes hommes. En 1851, les serruriers sont essentiellement présents au nord du village (rue de Poireauville), et les tisserands sont plus nombreux au sud (rue de Bas). En 1872, le nombre des serruriers est toujours plus important au nord (rues de POireauville et de Brutelles) et au sud-ouest (rue du Moulin). Leur nombre augmente régulièrement pour atteindre 39, en 1906. A cette date, la majorité des serruriers travaillent à leur compte en 1906 (31) mais plusieurs travaillent chez Alcide Opaix, dont la fabrique de vis est située rue de Bas (4 serruriers et 1 tourneur en vis), 6 travaillent pour des fabriques du village et de Friville-Escarbotin (chez Chez Depoilly-Fleury et Nortier). En 1911, tous les serruriers de Vaudricourt travaillent pour la fabrique de vis Opaix à Bourseville ainsi que celles de Friville-Escarbotin.

Localisation

1836

1851

1872

1881

1906

1911

rue de Bas

3

9

14

17

rue de Saint-Blimont

1

1

rue du Sac

1

rue de la Place

1

rue de l'Ecole

0

1

3

4

rue du Moulin

3

8

9

7

9

rue de Poireauville

9

5

8

15

21

rue de Brutelles

6

7

Total

14

17

20

35

39

Répartition des serruriers dans le village de Vaudricourt

En 1936, 25 personnes exercent dans la petite métallurgie (serrurier, tourneur, mouleur, limeur), le fabricant de vis à disparu. La grande majorité exerce dans des entreprises extracommunales notamment la fonderie Buiret à Tully.

Aujourd’hui, seule l’entreprise Noyon-Thiébault, créée en 1964, exerce une activité en rapport avec la petite métallurgie. Elle est spécialisée dans la robinetterie et les pièces décolletées en laiton. Elle emploie en 2010, 150 personnes.

Conclusion

Le déclin de la population est vraisemblablement à mettre en rapport avec l’absence d’entreprise industrielle importante. Les serruriers quittent le village pour aller grossir les effectifs des communes où des usines sont implantées, par exemple les communes voisines de Friville-Escarbotin et de Saint-Blimont, qui, contrairement à Vaudricourt, voit leur population augmentée de manière constante. L’absence de structures industrielles a sans doute également contribué au maintien d’une activité agricole dont les effectifs restent constants. Le secteur primaire est en effet supérieur à la moyenne de l’aire d’étude.

Enfin, contrairement, aux autres communes de l’aire d’étude, le déclin de l’activité textile, au milieu du 19e siècle, n’a pas été substitué par essor exponentiel de la petite métallurgie.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 20e siècle
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 6 M 352. Vaudricourt. Recensement de la population, 1836-1911.

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2407. Statistiques sur la situation industrielle de l'arrondissement d'Abbeville, 1813-1869.

  • AD Somme. Série M ; 6 M 2408. Statistiques sur la situation industrielle de l'arrondissement d'Abbeville, 1869-1893.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3660. Vaudricourt. Administration communale, avant 1869.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3661. Vaudricourt. Administration communale, 1870-1939.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 3662. Vaudricourt. Administration communale, 1870-1939.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 780/3. Vaudricourt. État de sections des propriétés bâties et non-bâties.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 780/4. Vaudricourt. Matrice des propriétés foncières, 1829-1914.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 780/6. Vaudricourt. Matrice des propriétés bâties, 1829-1882.

  • AD Somme. Série P ; 3 P 780/7. Vaudricourt. Matrice des propriétés bâties, 1911-1934.

Bibliographie

  • PRAROND, Ernest. Histoire de cinq villes et de trois cents villages, hameaux ou fermes : Saint-Valery et les cantons voisins. Abbeville : P. Briez, 1863.

  • ROSIER, Louis. Histoire des protestants de Picardie. Paris : Grassart libraire, 1861.

    p. 168-188
  • BRIEZ, P. Notices sur la serrurerie de Picardie. Abbeville : Briez, 1857.

  • RODIERE, Roger, DES FORTS, Philippe. Le Pays du Vimeu. Amiens : Société des Antiquaires de Picardie, 1938.

    p. 394-395
  • DIMPRE, Rémi. Histoire de quelques pays du Vimeu : Tome I, Saint-Blimont-Offeu-Elincourt-Ebalet-Vaudricourt-Nibas. Saint-Valery-sur-Somme : E. Lefebvre imprimeur, 1900.

Documents figurés

  • Carte de Cassini. N°23 : Dieppe, gravure à l'eau-forte, Le Roy le Jeune géographe, 1757.

  • Plan par masse de cultures, par Cardinet-Rimbeau, 1 Janvier 1807 (AD Somme ; 3 P 1141).

  • Vaudricourt. Plan cadastral. Tableau d'assemblage, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Desgardin géomètre, 1825 (AD Somme ; 3 P 1493/1).

  • Vaudricourt. Plan cadastral : section A2 et B2, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Desgardin géomètre, 1825 (AD Somme ; 3 P 1493/3).

  • Vaudricourt. Plan cadastral : section A3, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Desgardin géomètre, 1825 (AD Somme ; 3 P 1493/4).

  • Une croix de grès érigée devant une maison, photographie, début 20e siècle (AD Somme. Fonds de la Société des Antiquaires de Picardie ; 14 FI 29/14).

Date d'enquête 2012 ; Date(s) de rédaction 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Association de Préfiguration du PNR Picardie maritime
(c) Département de la Somme
Grimaud Romain
Grimaud Romain

Chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2011 à 2012.

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Kocourek Frédéric-Nicolas

Enquêteur externe, chargé de l'inventaire du patrimoine du Vimeu industriel de 2014 à 2016.

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