Une grande ferme de plan rectangulaire figure sur le cadastre napoléonien, dans l'ancienne rue de l'Eglise. Le logis occupe le fond de la cour. Il se poursuit à l'est par une annexe relativement longue. Le côté ouest de la propriété est occupé par un bâtiment agricole. La partie nord dispose de deux petits éléments peu larges, dont l´un se poursuit en équerre au sud, encore en place aujourd'hui. Il s'agissait d'une ferme de 140 hectares dont cent étaient loués. L´exploitation appartenait à la famille Pérache puis Tillette de Buigny.
D'après les recherches en archives, le propriétaire des lieux pratiquait l'élevage des moutons. En effet, dans un document intitulé "Statistiques sur les ressources du département" (A.D. 80 : 6 M 2058), on peut lire : "Les moutons produisent une laine fort grossière propre qu´aux étoffes communes d´Amiens, telles que les serges. On a beau chercher à améliorer : des cultivateurs ont introduit dans leurs troupeaux des béliers étrangers. Des troupeaux dans l´arrondissement d´Abbeville ont introduit des béliers espagnols achetés à Rambouillet : Tillette Mautore de Cambron et Perrache de Neuville. Ce dernier est arrivé au troisième degré du croisement et a vendu sa laine à 2.7 francs la livre alors que les autres la vendent à seulement 1.80 francs ! Une nourriture saine et abondante, des étables bien aérées sont le succès de cela". Le document indique plus bas que les mérinos ont été mis à disposition des propriétaires (surtout Pérache à Neuville) par Madame l´Impératrice, afin d'améliorer la race.
Après la destruction de ce qui était la ferme d'origine, le pavillon de chasse (encore sous nos yeux aujourd'hui) a été construit. D'après le propriétaire, le colonel Pérache possédait des huttes entre Saint-Valery et Noyelles. L'édifice ici étudié était donc une maison secondaire, puisque le propriétaire résidait à l'année à Abbeville. Décédé le 5 novembre 1860, Jean François Gustave Pérache donna le domaine en usufruit à son ami Lherminier, qui lui-même (mort le 8 avril 1872) fit un testament en faveur d'Alfred de Buigny. Sa fille devint ensuite la vicomtesse d'Aplaincourt. En 1920, la propriété fut donnée au mariage des parents du propriétaire, M. de Thézy. Tous étaient rentiers.
Macqueron présente, dans son fonds conservé à la Bibliothèque Municipale d'Abbeville, plusieurs aquarelles du Pavillon Pérache. Située à un kilomètre de la maison (sur le territoire de Boismont dans le hameau de Pinchefalise), l'entrée du pavillon, à l'origine symétrique, a subi quelques modifications d'après les documents figurés (18 octobre 1887) : en effet, après la Seconde Guerre mondiale, la partie droite de la maison du gardien a été entièrement détruite puis reconstruit. On y a ajouté la partie occidentale sur rue de l'actuel logis et le comble de la partie orientale n'a pas été restitué. La maison d'habitation, de style baroque, a conservé les mêmes dispositions et les mêmes proportions qu'à l'origine ; mais l'ensemble du décor a aujourd'hui disparu, dilapidé par les Allemands qui ont occupé et bombardé la propriété lors de la Seconde Guerre mondiale (d'après le propriétaire). Les parties latérales étaient agrémentées d'un balcon soutenu par des colonnes torses à chapiteau dorique (rappelant celles du pavillon d'entrée), sur les deux murs gouttereaux de la maison. La corniche était composée d'une frise à décor triangulaire. Les lucarnes des parties saillantes étaient munies de lambrequins. Les extrémités du toit avaient reçu épis de faîtage et grille au sommet. La toiture a été entièrement refaite après les hostilités. Le décor n'a pu être rétabli. D'après le propriétaire, le logis était composé de briques recouvertes de torchis. La maçonnerie intérieure était entièrement masquée par des panneaux de bois. Le parquet du salon fut totalement démonté.
La reproduction du pavillon contenant le billard annexé à la maison d'habitation est également fournie par Macqueron (18 avril 1887). Il s'agissait d'une petite construction de style historiciste, au décor très présent, mélangeant le gothique tardif, le style Renaissance ainsi que des éléments de l'architecture rustique (faux pans de bois). Il semble que des éléments de remploi y avaient été intégrés (statues de saints en façade, corniche moulurée, baies à arc brisé, chapiteaux pourvus de têtes de grotesque, panneaux décoratifs de la porte d'entrée ...). Cette pièce a aujourd'hui disparu suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale ; en effet, la maison semble avoir reçu trois obus fusants. Sous cette construction, il existait une cave en craie, aujourd'hui condamnée.
A l'est, le mur en silex et brique entourant le jardin a été conservé. Une porte, pratiquée dans la clôture, permettait d'atteindre directement la chapelle (aujourd'hui en face de la propriété). À cet endroit, une partie du mur en silex a été refait en brique uniquement. D'après le propriétaire, l'église était à cet emplacement, probablement entourée d'habitations ; il a d'ailleurs retrouvé quelques vestiges en grès, semblant provenir des fondations de l'édifice religieux.
D'après le recensement des parcs et jardins réalisé par le Ministère de la Culture (base de données Mérimée), le jardin d'agrément du château, composé d'un potager, d'une serre et d'un pavillon de jardin, fut constitué par un maître d'oeuvre inconnu.
La guerre a également fait disparaître la collection d'objets en bois et en pierre, ainsi qu'une collection d'oiseaux rassemblés par Pérache. Certains objets, sauvés des destructions, sont conservés à la chapelle de Thézy-Glimont.
La restauration du château a été effectuée par l'architecte amiénois Douillet, qui a élargi la construction (refaite en parpaing avec matelas d'air et tirants de fer). Le revêtement en ciment de pierre a été apposé en 1960. La maison du gardien, qui semble dater de la fin du 19e siècle, possédait, d'après le propriétaire, une horloge dans le pignon à oculus, un four à pain ainsi qu'un clocheton. Le colombier semble relativement récent (probablement fin 20e siècle). Le mur de clôture longeant la rue d'Estraine a été refait en 1998.