La tenture comprend cinq pièces réalisées d'après Jean Lemaire de Belges et ses Illustrations de Gaule et Singularités de Troye, publiées en 1509 et 1512. La tenture présente ainsi 10 des 24 rois mythiques aux origines troyennes qui auraient régné en France. Elle fut commandée vers 1530 par le sous-chantre Nicolas d'Argillières dont les armoiries sont représentées sur la tenture.
Nicolas d'Argillières était le fils aîné de Jean d'Argillières, électeur puis lieutenant-général de Clermont. La famille était enracinée dans le région : Pierre d'Argillières, le grand-père du donateur, était aussi lieutenant-général de Clermont en 1462 ; Jeanne, la tante du donateur, contribua à la création de l'Hôpital de Clermont. Mais c'est surtout la carrière de son oncle, Pierre, qui influença Nicolas d'Argillières ; Pierre était chanoine de la collégiale Notre-Dame de Clermont en 1458 et prévôt du chapitre en 1475, vers 1497 il entra dans le chapitre de la cathédrale de Beauvais où il obtint la charge de sous-chantre en 1505. Nicolas suivit ses traces, il fut chanoine de Clermont en 1490, prévôt du chapitre en 1497, puis chanoine de Beauvais et sous-chantre à la mort de son oncle le 28 septembre 1517 (sa tombe fut commandée en 1517 par le chanoine Jean de Bresché à une tombière de Paris nommée Comtesse).
Nicolas d'Argillières joua un rôle important dans le diocèse de Beauvais, notamment pendant les périodes de vacance épiscopale (d'août 1521 à août 1523, puis de septembre 1535 à mai 1536). Il participa en outre aux nouvelles éditions du Bréviaire, du Graduel et de l'Antiphonaire (vers 1537). Enfin, il contribua par une fondation de 1600 livres à la construction du clocher du transept de la cathédrale.
Donnée à la cathédrale après sa mort le 4 juin 1561, la tenture y demeura jusqu'à la fin du 19e siècle. En 1895, Monseigneur Fuzet, évêque de Beauvais, fit transporter dans le palais épiscopal une partie des pièces. Le 25 février 1899, la série entière fut classée au titre des objets. A la suite de la séparation de l’Église et de l’État, trois pièces furent entreposées au Musée départemental à l'initiative de Théodore Baudon. Le musée ayant brûlé en 1940, les trois pièces vinrent rejoindre leurs consœurs à la cathédrale. Victimes d'un vol le 10 août 1974, quatre pièces furent alors dérobées et l'une fut coupée en deux ; elles furent retrouvées en Allemagne en 1976. La pièce endommagée (la première), fut restaurée en 1981 par la Maison Aubry.