Jean-Baptiste Saint, qui dirige l'ensemble des usines Saint Frères de la Somme entre 1863 et 1880, habite avec sa famille la demeure dite Château rouge, qui appartenait à l'entreprise et servait de logement patronal. Il envisage toutefois de faire construire à Flixecourt une demeure plus conforme à son statut social, pour laquelle l'architecte amiénois Paul Delefortrie donne des projets en 1878, qui ne seront pas menés à bien.
Après la mort de l'industriel en 1880, sa veuve, née Stéphanie Zambaux, acquiert de vastes terrains en bordure de la route de L’Étoile. A partir de 1882, elle y fait construire une grande demeure de style éclectique, pour laquelle Delefortrie donne plusieurs projets, dont le plus ample sera le parti choisi, pour un coût de construction estimé à plus de 800 000 francs. Le gros œuvre est achevé en 1884, et la décoration intérieure, particulièrement raffinée, en 1886, date que porte la grille du portail d'entrée. L'identité des maîtres d'oeuvre de ce décor n'est pas connue, mais l'on peut peut-être avancer les noms du sculpteur Alexandre Hesse ou du menuisier Labbé, collaborateurs habituels de l'agence Delefortrie, qui ont notamment travaillé au château d'Havernas entre 1875 et 1882. Les verrières de certaines pièces (grande salle à manger, billard, salle de bains) sont signés du peintre-verrier Joseph Vantillard. Le parc paysager, quant à lui, est attribué par tradition orale au célèbre ingénieur et créateur de jardins parisien Jean-Charles Alphand.
Pierre Saint, le fils de Jean-Baptiste et Stéphanie Saint, qui dirige les usines de la Somme à la suite de son père, occupe le château de 1900 à sa mort, en 1943. Si en 1909, il évoque son souhait de redessiner le parc "afin que le château proprement dit n'écrase pas autant la propriété", il abandonne finalement cette idée de jardin à la Française, pour se concentrer sur l'extension du logis en 1910, et surtout sur l'agrandissement considérable du domaine, qui atteint une superficie de 1,70 ha en 1912, entièrement boisée.
La propriété appartient aujourd'hui à une branche collatérale de la famille.