Dossier d’œuvre architecture IA80009693 | Réalisé par
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Val-de-Nièvre
  • patrimoine funéraire, Val-de-Nièvre
Église paroissiale Saint-Georges et ancien cimetière de Ribeaucourt
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Amiénois - Domart-en-Ponthieu
  • Commune Havernas
  • Adresse place de l' Église
  • Cadastre 1832 B1 247, 248  ; 1993 B1 213

L'ancienne église

La première mention de l'église d'Havernas apparaît en 1108 dans le cartulaire de l'abbaye de Berteaucourt. La cuve baptismale du 12e siècle, utilisée depuis la fin du 19e siècle comme socle de la croix de chemin en grès érigée au centre du village, provient peut-être d'une première église construite à cette époque.

L'église et son cimetière apparaissent sur le plan cadastral de 1832 (B1 247 et 248). Deux aquarelles peintes vers 1867 par le vicomte Charles de Brandt en montrent l'aspect peu avant la reconstruction intégrale de l'édifice. Entourée de l'ancien cimetière, elle était formée d'un chœur à abside polygonale, assez monumental, précédé d'une nef plus étroite et plus basse. La disposition pourrait suggérer une église médiévale dont le chœur aurait été reconstruit au 16e siècle, comme dans de nombreuses églises de la région. La façade était prolongée par la tour-clocher assez haute et étroite, que son style autoriserait à dater du 17e siècle.

Sous l'Ancien Régime, la paroisse d'Havernas relevait du diocèse d'Amiens (doyenné de Vignacourt). Le gros décimateur était le prieuré de Flixecourt pour deux tiers, un chapelain d'Amiens et l'abbaye de Berteaucourt-les-Dames pour le dernier tiers. La portion congrue était versée par les jésuites du collège d'Amiens (pour le prieuré de Flixecourt) et les religieuses de Moreaucourt.

Un dessin postérieur de peu aux deux précédents, vers 1870, montre l'église déjà privée du mur de clôture du cimetière, peu avant le transfert de ce dernier sur un autre site et la reconstruction de l'édifice.

L'église actuelle

L'église paroissiale se révélant vétuste et plus assez vaste, le conseil municipal du 11 janvier 1872 approuve le projet de reconstruction de Victor et Paul Delefortrie, architectes à Amiens, qui en dressent les plans.

Le nouvel édifice reprend l'emplacement de l'ancienne église, dont le cimetière est transféré à la même époque à son emplacement actuel, mais son orientation est modifiée (nord/sud et non plus ouest/est), afin que la façade soit placée dans l'axe du château. Les travaux sont menés de 1872 à 1875.

Le vicomte Charles Marie René de Brandt, maire de la commune, ainsi que sa sœur Charlotte, fille de la Charité de saint Vincent de Paul, ont joué un rôle important dans la maîtrise d'ouvrage et le financement de cette entreprise.

Il a également fait appel aux Delefortrie pour l'agrandissement du château en 1875. Du reste, un mémoire de travaux exécutés au château par le sculpteur Alexandre Hesse entre 1876 et 1882, sous la conduite des maîtres d'œuvre, mentionne également le décor sculpté de l'église, notamment les clochetons et les fonts baptismaux. Un dessin daté de 1876 représente l'édifice peu après sa construction, tandis que deux cartes postales en révèlent l'aspect extérieur et intérieur au début du 20e siècle.

L'église, orientée au nord, est construite en brique et pierre avec clocher en façade à flèche d'ardoise polygonale. L'étroite façade occidentale, sur laquelle se détache le portail de pierre surmonté d'un tympan et d'un gâble, est encadré par deux tourelles d'angle en hors-œuvre couvertes de clochetons, dont celle du nord abrite l'escalier. L'édifice est formé d'une nef unique de quatre travées, d'un transept et d'un chœur allongé à abside polygonale. L'intérieur de l'édifice est entièrement revêtu d'un enduit en plâtre à faux appareil et couvert d'une fausse voûte d'ogives. La tour-clocher forme un porche en rez-de-chaussée, surmontée d'une tribune. Le porche est flanqué de deux pièces de dégagement : au nord l'accès à l'escalier en tourelle menant à la tribune et au clocher, et au sud une resserre. Les deux bras du transept ont chacun un autel placés sous le vocable de saint Georges et de la Sainte Famille. Deux arcades séparent le chœur d'une petite chapelle de plan carré, au nord, dédiée à Notre-Dame de Boulogne. La sacristie, symétrique, ouvre par une porte au sud du chœur.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • fausse voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • croupe polygonale
    • noue
    • flèche polygonale
  • Typologies
    style néogothique ; cimetière d'enclos paroissial (churchyard)
  • Techniques
    • sculpture
  • Précision représentations

    L'édifice porte un décor sculpté intérieur et extérieur très conventionnel. Les colonnes engagées du portail, comme celles qui soutiennent la fausse-voûte, ont des chapiteaux à acanthes. Des pinacles surmontent le gâble du portail et les lanternons des tourelles, cantonnent la flèche du clocher et encadrent les pignons des bras du transept. Le tympan et le gâble du portail sont ornés d'une rose. Les sept arcades ou arcades aveugles du choeur sont timbrées de l'écu des familles qui ont tenu successivement la seigneurie et la terre d'Havernas depuis le Moyen Age jusqu'au 19e siècle, avec leurs date de présence, soit de gauche à droite : de Picquigny, 1100-1342 (fascé d'argent et d'azur de six pièces à la bordure de gueules) ; d'Ailly, 1342-1497 (de gueules à deux branches d'alizier d'argent fascés en double sautoir au chef échiqueté d'argent et d'azur de trois traits) ; de Saint-Delis, 1497-1689 (de sinople à l'épervier d'argent becqué et membré de gueules tenant dans ses serres une perdrix d'or) ; de Pas de Feuquières, 1689-1720 (de gueules au lion d'argent armé et lampassé d'or) ; de Séglière de Soyecourt, 1720-1758 (d'azur à trois épis de seigle d'or) ; de Mons, 1758-1851 (d'azur au chevron d'or accompagné de deux étoiles et d'une rose de même) ; de Brandt, 1851 (d'azur à trois flammes d'or ombrées de gueules). La clef de voûte de la croisée du transept est ornée des armes sculptées et peintes de Charlotte de Brandt, formées d'un écu losangé (d'azur à trois flammes d'or ombrées de gueules) entouré d'un chapelet, flanqué de lévriers comme supports et timbré d'une couronne de comte.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Si l'édifice ne se démarque pas des nombreuses églises de style néogothique construites par les Delefortie dans la Somme, son implantation face au château et son décor se placent dans la tradition du mécénat seigneurial d'Ancien Régime.

Autres réalisations des Delefortrie dans le Val de Nièvre : ancien presbytère et château d'Havernas, Château rouge, château de la Navette et presbytère de Flixecourt, églises de Vignacourt et probablement de Vauchelles-lès-Domart. À Beauval, la rue de l'Église, l'église, la poste, le monument sépulcral de Charles Saint et un lotissement concerté.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2131. Havernas. Administration communale, 1870-1939.

    Approbation du projet de reconstruction de l'église, conseil municipal du 11 janvier 1872.
  • Archives privées. Mémoires des travaux effectués au château d'Havernas, approuvés par Delefortrie, 1875-1882.

Bibliographie

  • INVENTAIRE GENERAL DU PATRIMOINE CULTUREL. Région PICARDIE. Le Val de Nièvre, un territoire à l'épreuve de l'industrie. Réd. Frédéric Fournis, Bertrand Fournier, et al. ; photogr. Marie-Laure Monnehay-Vulliet, Thierry Lefébure. Lyon : Lieux Dits, 2013. (Images du patrimoine ; 278).

    p. 41

Documents figurés

  • Havernas. Plan cadastral : section B1, dessin à l'encre, à l'aquarelle et au lavis sur papier, Grévin fils et Ternisien géomètres, 1832 (AD Somme ; 3 P 1384/3).

  • Eglise d'Havernas vue depuis le nord, dessin à l'aquarelle sur papier attribué à Charles de Brandt, avant 1867 (coll. part.).

  • Eglise d'Havernas vue depuis le sud, dessin à l'aquarelle sur papier attribué à Charles de Brandt, 1867 (coll. part.).

  • Eglise d'Havernas vue depuis le sud, dessin au fusain et au lavis, vers 1870 (coll. part.).

  • Commune d'Havernas. Construction de l'église. Plan, dessin à l'encre et au lavis sur papier signé et daté Delefortrie et fils, 9 août 1872 (arch. privées).

  • Commune d'Havernas. Construction de l'église. Coupe longitudinale sur l'axe, dessin à l'encre et au lavis sur papier signé et daté Delefortrie et fils, 9 août 1872 (arch. privées).

  • Commune d'Havernas. Construction de l'église. Coupe transversale. Façade principale, dessin à l'encre et au lavis sur papier signé et daté Delefortrie et fils, 9 août 1872 (arch. privées).

  • Commune d'Havernas. Construction de l'église. Façade latérale, dessin à l'encre et au lavis sur papier signé et daté Delefortrie et fils, 9 août 1872 (arch. privées).

  • Eglise d'Havernas, aquarelle sur papier par Oswald Macqueron, 19 mai 1876 (BM Abbeville, collection Macqueron ; Dom. 48).

  • Havernas. Rue de l'Eglise, carte postale, Patou éditeur, avant 1914 (coll. part.).

  • Canaples [sic]. L'église, carte postale, Dufrancatel éditeur, début du 20e siècle (coll. part.).

  • Havernas, par Canaples (Somme). Intérieur de l'église, carte postale, début du 20e siècle (coll. part.).

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournis Frédéric
Fournis Frédéric

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.