• inventaire préliminaire, arrière-pays maritime picard
Le hameau de Hurt à Cayeux-sur-Mer
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) SMACOPI

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération de la Baie de Somme - Saint-Valery-sur-Somme
  • Commune Cayeux-sur-Mer
  • Lieu-dit Hurt
  • Dénominations
    écart
  • Parties constituantes non étudiées
    halte de voyageurs

Selon Dimpré, Hurt proviendrait de l'ancien mot « hurt » (heurt, échouage) désignant le choc produit par la mer se précipitant rudement sur le banc de sable et de roche (actuels bas-champs de Lanchères). Une seconde traduction tend à faire croire que le mot, d'origine germanique, évoquerait plutôt une habitation.

Le hameau apparaît pour la première fois dans l´histoire en 1208 puisque Hurt fut donné par le compte de Ponthieu à Hue Dolehaim, chevalier, et à ses hoirs. Belleval le mentionne en ces termes : « La seigneurie tenue de Cayeux, consiste en un chef-lieu de 7 journaux, 59 journaux de terre, 37 livres 13 sols 11 deniers de censives. Hurt eut pour seigneur au 13e siècle Eustache de Hurt ». En 1613, Adrien le Roy, écuyer et seigneur de Bardes, était aussi seigneur de Hurt ; ses descendants possédèrent ses terres jusqu´en 1740. En 1693, le hameau comptait un autre seigneur, Louis le Bos, demeurant à Amiens. Pierre-Antoine-François d´Incourt, chevalier, était seigneur de Hurt au 18e siècle. Il vendit sa seigneurie le 28 octobre 1780 à Benjamin François Lambert, capitaine de navire, qui en fut le seigneur jusqu´en 1789.

D´après un habitant, il ne subsiste que deux piliers du château d´Hurt. Belleval indique que « la maison seigneuriale se composait d´une cuisine et de deux chambres, il y avait aussi plusieurs étables, une grande grange et un beau pigeonnier ». Nous ignorons l´emplacement de cette construction.

D´après les recensements de population, le nombre des habitants n´a cessé de diminuer entre 1851 et 1926, passant de 129 à 73, contrairement au nombre des maisons qui stagnait depuis 1802 (environ 30).

Florentin Lefils indique que le hameau était situé dans un secteur où existaient autrefois des salines importantes. Une briqueterie était également implantée à l´entrée de Cayeux, au lieu-dit le « Mont Rôti ».

L'activité essentielle était vouée à la culture. Les femmes s´occupaient de l´exploitation et les hommes, employés au montage des usines du Vimeu, travaillaient la serrurerie : l´atelier était, comme à Wathiéhurt, généralement situé dans une ancienne étable (le volet se soulevait alors verticalement pour laisser apparaître la vitrine) ou dans la salle commune. Il existait un seul café. Le hameau était dépourvu de forge.

L´observation du cadastre napoléonien permet une description du hameau en 1831. Peu étendu, il se composait de deux rues : la rue principale reliant Saint-Valery à Cayeux (donc d´importance commerciale à noter) et le chemin menant à Brutelles au sud de la première. Les fermes (puisque le bâti était exclusivement consacré aux activités agricoles), non mitoyennes, étaient distribuées le long de ses deux routes, de manière très aérées. La ferme située au 1218 rue de Cayeux-sur-Mer-à-Saint-Valery (au sud de la route), aujourd'hui isolée, faisait partie en 1831 d´un ensemble de trois exploitations. Le hameau a donc subi quelques destructions dont nous ignorons la cause (probablement abandon par exode). Les parcelles étaient laniérées. On comptait alors quatre fermes à cour fermée, cinq au plan en U, huit au plan en L et cinq logis uniques.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age , (incertitude)

Situé sur la route de Cayeux à Sallenelle, au nord des marais de Poutrincourt, Hurt s´est implanté sur une butte de galets d´un faible relief, tout comme Wathiéhurt, issu de l´ancien cordon littoral qui jalonne le chemin menant de Saint-Valery à Cayeux.

Le territoire comporte une sole de culture sur le plateau et une partie de bas-champs (convertis en pâtures), constitués le plus souvent de marais communaux qui ont subsisté jusqu´à nos jours. Dans ces derniers, le parcellaire dispose de contours anarchiques façonnés par les canaux de drainage. Son maillage, en majorité de petites dimensions, est soutenu par d´épais cordons végétaux. Il est donc à noter l´importante présence de l´eau qui longe le chemin rural. Les propriétés sont accessibles en traversant les canaux d´écoulement.

D´après le POS, la zone agricole correspond à la partie la plus éloignée de la mer. Elle se compose de prairies naturelles, principalement destinées à l´élevage de bovins, et de champs. Les pâtures s´étendent sur des terrains peu propices à la culture du fait de leur humidité ; au contraire, les cultures se développent sur des sols de meilleure qualité drainés par de nombreux fossés. Les terrains situés au pied de la falaise morte présentent une plus grande humidité du fait de leur position plus basse que les bas-champs.

Les maisons sont réparties le long de deux voies de circulation, formant un Y : la route de Saint-Valery à Cayeux et le chemin rural de Hurt à Brutelles, toutes deux bordées de fossés d´écoulement. Les habitations sont séparées les unes des autres par des pâtures. Les fermes s´étirent le plus souvent le long de la rue et sont rarement situées en retrait de l´espace public (ce qui est le cas pour le bâti récent, qui se situe en milieu de parcelle, large, le long du chemin rural). Il ne subsiste aujourd'hui qu´une seule ferme en activité. La comparaison des cadastres napoléonien et actuel indique que peu d'exploitations ont conservé leur emplacement d'origine. Celles apparaissant sur le plan de 1831 ont soit été détruites soit été reconstruites sur de nouvelles fondations.

Malgré une forte présence de constructions récentes, le patrimoine ancien est relativement bien présenté, même si les quelques exemples subsistant sont menacés. En effet, un mitage important est observable ainsi qu´une utilisation abusive du parpaing.

L´un des matériaux prépondérant semble avoir été le galet (extraction non loin de là). Le bois local utilisé pour les ossatures est l´orme. Les lattes sont en saule (les branches sont fendues). La brique et l´ardoise sont couramment utilisées tandis que les constructions en paillis et torchis ont pratiquement disparu. D´après l´ouvrage « Chroniques d´Antan », sur le hameau de Hurt, il ne reste qu´une croix en fer à 100 mètres de l´entrée de la rue du Voyeul, sur la droite, sur le talus qui borde le fossé : cette croix, probablement plantée au début du siècle, se trouvait au milieu de la pâture.

Il existait également un socle de croix sur le chemin rural dit de la « Chaussette du Pont ». La croix avait été enlevée lors de l´aménagement de l´entrée de ce chemin.

De Hurt, on peut se rendre au hameau du Marais en passant par le calvaire dit « croix de Hurt » : déjà en 1958, le curé signalait son mauvais état.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série M ; 2MI_LN 210. Recensement de population de la commune de Cayeux (1836-1936).

Bibliographie

  • Atelier d´architecture et d´urbanisme François Seigneur. POS de Cayeux-sur-Mer. 1999.

    p. 34, 40, 51, 52, 60
  • Les bas-champs picards : enjeux entre terre et mer. Amiens, compte-rendu de colloque, 22 octobre 2004.

  • BELLEVAL, René De. Les fiefs et les seigneuries du Ponthieu et du Vimeu. Brionne, Gérard Monfort, 1975.

    p. 186
  • CAHON, Lucien. Histoire du tortillard. Société d´archéologie et d´histoire de Saint-Valery-sur-Somme. 1977, n°8.

    p. 3-13
  • CAUE. Chroniques d´Antan, Cayeux toujours. Amiens : CAUE de la Somme, [s.d].

    p. 42, 43
  • DEMANGEON, Albert. La Picardie et les régions voisines. Artois, Cambrésis, Beauvaisis. Paris, Guénégaud, 1905.

    p. 184
  • DIMPRE, Rémi. Histoire de quelques pays du Vimeu. Saint-Valery-sur-Somme : Imprimerie E. Lefebvre, 1900.

    p. 4, 6, 9, 42, 43, 60, 61
  • GARNIER, J. Dictionnaire topographique du département de la Somme. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 3e série. Paris, Amiens, t. I, 1867.

    p. 496
  • LEFILS, Florentin. Géographie historique et populaire des communes de l´arrondissement d´Abbeville. Marseille, Laffitte Reprints, 1981. Réimpression de l'édition originale publiée à Abbeville, J. Gamain, 1868.

    p. 399
  • PRAROND, Ernest. Le cartulaire du Comté de Ponthieu. Mémoires de la Société d'Emulation d'Abbeville, 1897, tome II.

    p. 50

Documents figurés

  • Carte du territoire en 1744, encre et lavis sur papier, 1744 (AD Somme : 1 Fi 376).

  • Cayeux-sur-Mer. Plan cadastral, 1831 (AD Somme ; 3 P 1312).

Annexes

  • Formation du paysage d'Hurt
  • Le chemin de fer sur le territoire de Hurt
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004