Dossier collectif IA59005839 | Réalisé par
Girard Karine (Rédacteur)
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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  • inventaire topographique, Le Quesnoy centre
L'architecture de la Seconde Reconstruction au Quesnoy
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, immeuble
  • Aires d'études
    Communauté de communes du Pays de Mormal
  • Adresse
    • Commune : Le Quesnoy
      Lieu-dit :

Contrairement à la première, la seconde Guerre Mondiale a été destructrice pour la ville du Quesnoy. De grandes zones de la ville disparaissent.

La Reconstruction commence dès les années 1950. Ce sont majoritairement de grands ensembles qui associent immeubles et maisons individuelles de rang. Ces constructions se font en remplacement des maisons situées sur les zones détruites (rues des Lombards, Thiers, Désiré-Tanis) mais également en investissant des zones libérées par la destruction de bâtiments militaires (rues Saint-François, Salengro, Jean-Baptiste-Lebas, Victor-Hugo).

Adresse

Typologie du bâti avant guerre

Typologie du bâti après guerre

Composition

Entrepreneur

Étude

2-4, rue Carlier

maisons et jardins

maisons jointives

2 maisons

Désertot

7, rue Carlier

maison et jardin

maison et jardin

1 maison (façade)

Désertot

1-15, rue Fournier ;

15-17, place du Général-Leclerc

maisons à boutique de rang

maisons à boutique de rang

1 immeuble

10 maisons

Désertot

pour les n°15 et 17 place Leclerc

et 15 rue Founier

IA59005972

36-38, place du Général-Leclerc

maison de rang

maison de rang

1 maison

39, place du Général-Leclerc

maison de rang

maison de rang

1 maison (façade)

4, rue Fournier

immeuble à boutique de rang

immeuble à boutique de rang

1 maison (façade)

Désertot

12-14, rue Fournier

immeuble à boutique de rang

immeuble à boutique de rang

1 maison (façade)

Désertot

1-3, rue de Goa

ferme sur cour

immeuble avec deux entrées mitoyennes

1 immeuble

Désertot

IA59005970

5, rue de Goa

maison

maison individuelle

1 maison

Désertot

IA59005969

8, rue de Goa

parcelle non bâtie

maison individuelle

1 maison

1 et 2-24, rue Lebas ; 32-50, rue Saint-François ;

23-45, rue Baillon

arsenal

maisons de rang

33 maisons

7, rue Joffre

maison de rang

maison de rang

1 maison (façade)

12, rue Joffre

maison de rang

maison de rang

1 maison (1/2 façade)

40-42, rue Joffre

maison à boutique de rang

maison à boutique de rang

1 maison (1/2 façade)

11-27, rue des Lombards

maisons et jardins

maisons et immeubles de rang

5 immeubles

4 maisons

Moreau

(entreprise de Valenciennes)

1-11, rue Salengro

arsenal

maisons mitoyennes

6 maisons

IA59005966

2-16, rue Salengro

arsenal

maisons de rang

9 maisons

40-60, rue Tanis

maisons et jardins

maisons et immeubles de rang

2 immeubles

8 maisons

1-15, rue Tanis

maisons et jardins

maisons, commerce et immeubles à logements de rang

2 immeubles

6 maisons

Désertot

IA59005967

26, rue Théau

maison de rang

maison de rang

1 maison (façade)

14-16, rue Thiers

immeuble à boutique

immeuble à boutique - partie droite de la façade

1 maison (1/2 façade)

70-72, rue Thiers

caserne Montplaisir

immeuble avec deux entrées mitoyennes

1 immeuble

IA59005971

75, rue Thiers

maison de rang

maison individuelle

1 maison

IA59005968

63-73, rue Thiers

maison de rang

maisons de rang

6 maisons

11-17, rue Victor-Hugo

maison avec jardin

maisons de rangs

4 maisons

Désertot

18, rue de Strasbourg

immeuble à boutique de rang

1 maison (façade)

Nouveau tableau

La Seconde Guerre mondiale a été destructrice pour la ville du Quesnoy. En mai 1940, un incendie ravage le beffroi, l’hôtel de ville et les maisons alentour, ainsi qu’une grande partie des rues des Lombards, Thiers et Désiré-Tanis. Sur toute la durée du conflit, on déplore une centaine de destructions de maisons intra-muros (CAUE, 1999). La comparaison avec la vue aérienne réalisée par l'IGN en 1936 (ill.) permet de voir qu'elle était la typologie du bâti avant le conflit.

La reconstruction se fait à partir des années 1950 avec l'édification d’immeubles sur les zones détruites (rues des Lombards, Thiers, Désiré-Tanis) ou avec la création de nouveaux quartiers sur des zones non bâties car précédemment occupées par des bâtiments militaires (rues Saint-François, Salengro, Jean-Baptiste-Lebas, Victor-Hugo). Ces reconstructions restent cependant contraintes par le tracé urbain préexistant et la présence des remparts.

La période de reconstruction est identique pour toutes les maisons et immeubles : les photographies aériennes réalisées par l'IGN (ill.) montrent que les terrains sont encore en ruine en 1949 mais que, en 1957, les maisons sont construites. La rapidité de la reconstruction tient sans doute à plusieurs facteurs. Contrairement à la première Reconstruction - où chaque dossier de maison à rebâtir faisait l'objet d'un traitement individuel porté par le propriétaire -, les reconstructions consécutives à la Seconde Guerre mondiale ont été conduites à l'échelle de chaque commune, directement, avec l'aide et le contrôle du MRU (Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme). Elles sont de plus confiées à un architecte unique pour chaque commune, lequel travaille avec des collaborateurs : ses "architectes d'exécution" - et non à des architectes différents recrutés pour chaque chantier. Enfin, l'utilisation de modules normés et préfabriqués, ainsi que celle quasi systématique du béton armé a permis une réalisation rapide des bâtiments une fois les plans validés.

Au Quesnoy, les reconstructions ont été confiées à l’architecte Marcel Mélon (1895-1969) qui avait travaillé avec André Lurçat à la reconstruction de la ville voisine de Maubeuge.

À ce jour, aucune archive concernant la seconde Reconstruction n'a été trouvée dans les archives municipales ou départementales du Nord. Le fond du MRU conservé aux Archives Nationales n'a pas fait l'objet d'un dépouillement à ce stade.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Mélon Marcel
      Mélon Marcel

      Marcel Mélon est né en Hautmont en 1895. Il suit des cours à l'École Pratique de Commerce et d'Industrie de Fourmies (où il obtient le certificat de fin d'études) puis à l'Université du Travail de Charleroi de 1910 à 1912. Il est élève libre à l'École des Beaux-Arts de Bruxelles pendant la Première Guerre mondiale. Il obtient la patente en 1927. Entre 1930 et 1945, la plus grande partie de son activité est la construction de demeures individuelles et de boutiques, la plupart construites à Hautmont. Pour chaque projet, il réalise l'enveloppe du bâtiment ainsi que l'aménagement intérieur (cheminées, escaliers, dessins des carrelages...) et le mobilier.

      Il travaille avec d'autres architectes comme Adolphe Danis (1886- ) ou André Lurçat (1894-1970) à qui l'on doit la reconstruction de Maubeuge.

      Après la guerre, il réalise la reconstruction de la ville du Quesnoy. Il décède à Hautmont en 1969.

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      architecte (incertitude), attribution par tradition orale

Le bâti de la Seconde Reconstruction représente environ 17 % du territoire à l'intérieur des murs de la ville, ce qui correspond à presque un quart de la superficie totale intra-muros, si l'on exclut les bâtiments militaires, l'hôtel de ville et l'église. Cela représente 94 maisons et 17 immeubles d'habitat collectif.

1 - Les familles d'immeubles

Les constructions se répartissent en six grandes familles :

- les rangs de maisons individuelles : on en compte quatre. La taille des maisons varie en fonction du rang : petites dans les rues Saint-François, Lebas et rue Baillon ; plus grandes rue Salengro côté pair, Thiers ou Victor-Hugo ; ou encore alternant la hauteur comme dans les rues Thiers et Tanis côté pair.

- les maisons individuelles semi-mitoyennes. On en compte deux groupes. Le premier, rue Salengro côté impair est composé de trois ensembles de deux maisons. Celui de la rue Carlier n'en compte qu'un. Cette semi- mitoyenneté correspond cependant des réalisations très différentes : les maisons rue Carlier sont petites et dans la continuité l'une de l'autre, à front de rue et jointives avec l'habitat ancien du reste de la rue, tandis que celles de la rue Salengro sont plus grandes, adossées l'une à l'autre et présentent leur mur-pignon sur la rue. Cette organisation de maisons semi-mitoyennes est unique au Quesnoy intra-muros.

- les rangs de maisons à boutique : seule la rue Fournier relève de cette catégorie. Le rang intègre par ailleurs un immeuble d'habitat collectif dont le rez-de-chaussée est occupé par un commerce.

- les rangs mêlant maisons individuelles et petites unités de logements collectifs : rue Tanis n°1-15 (n°1, 3 et 15 pour les immeubles) et 40-60 (n°50 et 60 pour les immeubles), et 11-27, rue des Lombards (n°19, 21 et 23 pour les immeubles).

- les maisons isolées dans le bâti : elles sont au nombre de treize, que l'on peut séparer en deux ensembles. Les 5 et 8, rue Goa et 75, rue Thiers sont des maisons indépendantes reconstruites dans leur intégralité - mais ne présentent aucune uniformité en termes de taille, de plan ou d'implantation. Les autres maisons repérées sont des maisons incluses dans des dispositions en rangs. Il s'agit des 4 et 12-14, rue Fournier, du 7, rue Carlier, du 7, rue Joffre, du 40-42, rue Joffre, du 26, rue Théau, des 36-38 et 39 place du Général-Leclerc, enfin du 18, rue de Strasbourg et 14-16, rue Thiers - seule la façade a fait l'objet d'une reconstruction... et même une seule moitié de façade dans le cas des n°12, 40-42, rue Joffre et 14-16, rue Thiers !

- les habitats collectifs isolés : ils sont deux, l'un au 70-72, rue Thiers et l'autre 1-3, rue Goa.

2 - L'intégration urbaine

Toutes les zones reconstruites sont ramassées en îlots compacts : il n'y a pas d'éparpillement de constructions dans l'ensemble de la ville.

Hormis l'ensemble bordant l'église au centre-ville, les reconstructions sont situées aux extrémités des rues, à proximité des remparts. Les ensembles les plus importants sont situés au nord (extrémité de la rue Thiers concernée pour environ 1/4 de sa longueur, et rue Tanis presqu'entièrement reconstruite) et au sud-ouest (ancien arsenal). La rue Victor-Hugo (à l'est) et la rue des Lombards (au sud) ne sont concernées que pour une petite partie de leur surface.

Les reconstructions ont respecté le tracé urbain et le parcellaire existant avant la guerre, sauf dans le cas de l'ensemble qui occupe l'emplacement de l'ancien arsenal. Dans ce cas précis, l'appropriation d'un territoire vierge de constructions a permis de développer un urbanisme différent de celui du reste de la ville avec des rues rectilignes ; hormis l'extrémité de la rue Saint-François qui s'inscrit dans le prolongement d'un urbanisme ancien, les maisons ne sont pas à front de rue mais précédées d'un jardinet fermé par un muret ; toutes les maisons sont dotées d'un garage, accessible directement par une ruelle qui longe l'arrière des parcelles. C'est le seul exemple d'urbanisme concerté intra-muros.

Bien que majoritairement composées de maisons individuelles, les reconstructions se sont faites sous forme de rangs de maisons, ce qui respecte l'organisation préexistante du bâti intra-muros. Les maisons isolées ou semi-mitoyennes sont des exceptions, et hormis les n°5 et 8 rue Goa, elles sont intégrées dans un lotissement. Le n°26, rue Théau est un cas à part : la reconstruction n'a sans doute concerné que la façade car l'emprise au sol du bâti est strictement identique à ce qu'elle était en 1817.

Toutes les reconstructions respectent les gabarits du reste du bâti. Les maisons individuelles ont deux niveaux, parfois assortis d'un attique (totalité des rangs du côté pair de la rue Tanis, de la rue des Lombards et de la rue Thiers), beaucoup plus rarement d'un comble (n°1 à 7 du rang côté impair de la rue Tanis). Les habitats collectifs associés à un rang de maisons individuelles ne dépassent pas 3 niveaux. Seul l'immeuble isolé 70-72, rue Thiers compte quatre niveaux.

Hormis pour ce dernier immeuble, toutes les habitations, qu'elles soient individuelles ou collectives sont associées à des jardins. Comme pour le reste du bâti intra-muros, ces derniers sont situés à l'arrière des maisons.

Enfin, il est important de noter que, avec les habitats collectifs et les maisons semi-mitoyennes, la Seconde Reconstruction a produit des typologies d'habitat spécifiques et inconnues jusque-là dans la ville intra-muros.

3 - Les caractéristiques architecturales

(NB : les chiffres donnés ci-dessous correspondent aux ensembles repérés et listés dans le tableau "texte libre" et non à une analyse maison par maison).

Tous les immeubles reconstruits présentent des caractéristiques communes, comme la couleur uniforme de la brique qui constitue le matériau principal des façades, la couverture par des toitures à longs pans et croupes et les encadrements de baies soulignés par du béton cantonné aux linteaux et aux appuis ou entourant toute la baie, et l'utilisation systématique de fenêtres horizontales. Ces traits les distinguent immédiatement du reste du bâti de la ville. Mais, bien que présentant un aspect très typé et immédiatement reconnaissable, tous les bâtiments reconstruits ne sont pas identiques entre eux.

Les matériaux

Pour la moitié d'entre eux (rangs des rues Tanis, des Lombards, Thiers, maison 5, rue Goa…), les briques des façades sont posées en appareil anglais (chaque assise présente une alternance de boutisses et de panneresses), mais la seconde moitié présente un appareil picard (alternance d'assises posées en boutisses et d'assises posées en panneresses), bien que ce dernier, emblématique de l'architecture des XVIIIe et XIXe siècles, ne soit presque plus usité à cette époque. Peut-être s'agit-il d'une manière de créer une continuité visuelle avec le reste du bâti de la ville, d'un hommage aux bâtisseurs des siècles précédents... ou plus prosaïquement de la mise en œuvre d'un mode de faire bien maîtrisé par les artisans locaux ! On le retrouve pour le rang des rues Fournier, Baillon, Jean-Baptiste Lebas, Saint-François, Salengro ou les maisons mitoyennes rue Carlier.

Enfin, deux façades, toutes deux situées hors de rangs (26, rue Théau et 16, rue Thiers), présentent des appareils typiques de la seconde moitié du XXe siècle (pose en demi-briques).

Pour 80% du bâti, le mur repose sur un soubassement en béton. Seuls quelques bâtiments dérogent à cette règle : le n°15 de la rue Tanis car le premier niveau est occupé par une vitrine, et les rangs de maisons modestes rues Baillon, Saint-François et Jean-Baptiste-Lebas. Il arrive également que tout le premier niveau soit recouvert d'un enduit, comme c'est le cas pour le rang de la rue des Lombards où il est posé en bossage plat continu. Pour l'immeuble 1-3, rue Goa, la totalité de la façade principale est recouverte d'un enduit. C'est la seule construction dans ce cas.

L'élévation

Dans les rangs où ne sont présentes que des habitations individuelles, le gabarit du bâti est identique pour chaque maison, en termes d'élévation et de nombre de travées comme dans les rues Saint-François et Baillon (deux travées et deux niveaux de façade) ou Victor-Hugo (deux niveaux de façade et un étage de comble et trois travées), ou simplement en élévation comme dans la rue Thiers où toutes les maisons présentent deux niveaux de façade surmontés par un étage en attique, mais ont un nombre de travées qui va de trois à cinq.

Ce n'est pas le cas lorsque le rang associe maisons et immeubles : ainsi, dans les deux rangs de la rue Tanis, le nombre de travées des maisons varie de deux à trois. Et, rue Tanis, l'élévation est plus importante pour les deux immeubles (trois niveaux de façade et un niveau de combles) que pour les maisons où les deux niveaux de façade s'achèvent par un étage de comble ou un attique. Rue des Lombards, les immeubles comptent trois niveaux et un attique, contre seulement deux niveaux et un attique pour les maisons.

Les décrochements entre certaines parties de rangs, comme rue Baillon ou rue des Lombards, sont des adaptations aux contraintes de niveau du sol. Elles n'ont pas de conséquences sur l'élévation des maisons.

Pour certains rangs donc, l'élévation s'achève par un étage en attique, ce qui est une spécificité des immeubles de la Seconde Reconstruction. Rue des Lombards comme le côté pair de la rue Tanis, cela concerne les immeubles aussi bien que les maisons. Mais, rue Tanis côté impair, les numéros 1 à 7 (deux immeubles et deux maisons) s'achèvent par un étage de combles tandis que le reste du rang, composé uniquement de maisons, présente un attique. Les rangs de maisons plus simples, comme ceux des rues Saint-François, Baillon ou Jean-Baptiste-Lebas n'ont ni étage de combles, ni étage en attique.

Contrairement au bâti antérieur où l'achèvement de l'élévation par une corniche moulurée ou à ressaut est quasi systématique, deux constructions de cette période sur les 17 repérés présentent cette caractéristique. Il s'agit de la maison individuelle 5,rue Goa, où un bandeau en béton avec petit talon vient soutenir l'égout de toit, et du rang rue des Lombards où la corniche sommitale qui précède l'étage en attique est constituée de deux rangs de briques en panneresses posées verticalement.

Rue Fournier, c'est le débord du toit-terrasse et non une corniche qui achève l'élévation.

Les toitures

Toutes les maisons mitoyennes, l'immeuble collectif rue Thiers, ainsi que la quasi-totalité des rangs sont couverts par une toiture à longs pans et croupes. Dans les rangs, seule l'extrémité non mitoyenne s'achève par une croupe, comme c'est le cas par exemple pour les 1 et 15 rue Tanis, le 45, rue Baillon ou le 24, rue Jean-Baptiste-Lebas. Lorsque le rang présente des dérochements de niveau, le mur mitoyen entre les deux maisons de niveaux différents est à pignon couvert. C'est également le cas pour le mur faisant la jonction entre le bâti de la Seconde Reconstruction et le bâti ancien.

Certaines toitures peuvent être débordantes (rue Salengro côté impair, rue Tanis sur le côté, rue Baillon), ou être accompagnées d'un chéneau (rue Thiers, rue Tanis côté pair).

Deux exceptions sont cependant notables : l'immeuble 1-3, rue Goa est couvert par une toiture monopente et le rang de la rue Fournier par un toit-terrasse.

Les lucarnes sont peu fréquentes : seules en portent les toitures des rangs rue Tanis et Victor-Hugo ainsi que la maison 75, rue Thiers. Quand elles sont présentes, elles concernent tous les bâtiments du rang bien qu'elles puissent prendre des formes différentes. Ainsi dans le rang 1-15 rue Tanis, les numéros 1 et 3, qui correspondent à de l'habitat collectif, et 3 et 5 qui sont des maisons individuelles présentent des lucarnes rampantes, tandis que le reste du rang a des lucarnes pendantes "belle voisine", modèle typique du Nord (à toiture-terrasse). Dans le rang rue Victor-Hugo, les lucarnes (une par maison) sont rampantes.

Le traitement esthétique du rang

Les immeubles ne présentent pas de décors sur les façades, qu'ils soient plaqués ou inclus dans la maçonnerie : pas de fers d'ancrage, pas de bandeaux ou de tables, pas de décors floraux en stuc ou d'agrafes rocaille, pas de briques émaillées ni de trumeaux ou de pleins de travées soulignés par un calepinage particulier de briques. Ce qui n'exclut pas, pour l'ensemble du bâti, la recherche d'un aspect soigné et agréable à l'œil !

Pour rompre la monotonie des rangs de maisons toutes identiques, l'architecte a créé des effets de symétrie et les façades se répondent deux à deux soit de manière systématique, ainsi qu'on peut le voir rues Baillon, Jean-Baptiste-Lebas ou côté pair de la rue Salengro ; soit de manière ponctuelle dans le rang comme dans les rues Saint-François ou Thiers (n°63 et 65). Cette symétrie peut également exister dans des rangs associant maisons et immeubles, comme c'est le cas pour celui du 40-60, rue Tanis. Pour les rangs de maisons plus modestes, c'est souvent la seule fantaisie. Le décor rapporté de carrelage ou de mosaïque sur le degré et l'appui de fenêtre et la fausse meulière sur le soubassement des n°34 et 46, rue Saint-François ou le parement en appareil demi-brique du n°23, rue Saint-François sont à n'en pas douter des ajouts postérieurs du propriétaire et non une volonté de l'architecte. La présence d'un degré en béton devant certaines parties de rang n'est pas une mise en valeur de la travée accueillant la porte, mais uniquement une réponse à la contrainte de déclivité des sols.

Bien que la symétrie soit également utilisée pour les rangs de maisons plus spacieuses, s'y ajoute la mise en valeur visuelle des entrées grâce aux encadrements soulignés de larges bandeaux en béton, aux ébrasements à ressauts ou aux casquettes. Ainsi, la travée centrale qui accueille l'entrée des n°15 et 17 rue Victor-Hugo est saillante par rapport au nu du mur et la porte est encadrée par un large ébrasement à ressauts en béton ; les portes du rang côté pair de la rue Salengro présentent des ébrasements à ressauts en brique et celles côté impair sont couvertes par une sorte de marquise en béton dont le support vertical intègre des briques de verre. Cette forme, que l'on voit également pour les portes sur l'arrière de la rue Fournier mais sans briques de verre, ainsi que les casquettes en béton au-dessus des baies comme celles du rang rue Fournier côté rue, sont spécifiques de la Seconde Reconstruction.

Dans les rangs qui associent immeubles et maisons, les entrées d'immeubles bénéficient d'un décor plus affirmé que celles des maisons. La porte du n°1, rue Tanis et celles des 19-21-23, rue des Lombards en constituent des exemples représentatifs. L'exemple des portes du rang 1-15, rue Tanis reste unique : si les portes présentent toutes la même structure d'un cadre en bois avec une partie vitrée centrale protégée de barreaux en fer forgé, les décors formés par ces derniers sont tous différents : quadrillage vertical ou horizontal jouant sur les vides et les pleins (et rappelant certains tableaux de Mondrian), losanges, cercles enchevêtrés...

Les rangs rue Tanis côté pair, rue Thiers et rue des Lombards, partagent la même originalité : des contreforts en brique à un ou deux niveaux d'encorbellement reposant sur des culots en béton viennent matérialiser les limites de mitoyenneté, cassant ainsi la trop grande linéarité du rang et l'homogénéité des façades. Cette limite se poursuit sur la toiture par un pignon débordant. Ce sont également les seuls rangs à présenter un premier niveau totalement enduit : simple enduit lisse pour les rues Tanis et Thiers mais celui rue des Lombards est traité en bossage plat continu.

Quelques balcons ont été repérés : 15-17, place du Général-Leclerc (extrémité du rang de la rue Fournier), 19-23, rue des Lombards, 48 et 56 rue Tanis, 71 et 70-72 rue Thiers. Tous sont différents : rue des Lombards, ils sont en panneaux de béton surmontés d'un garde-corps en tubes métalliques ; ceux de la rue Tanis, de l'immeuble 70-72 rue Thiers où ils sont présents à tous les étages et du 71, rue Thiers sont constitués de simples barreaux métalliques fixés sur une dalle béton, mais celui du 71, rue Thiers est en demi-cercle tandis que ceux de l'immeuble collectif de la même rue (n°70-72) et ceux de la rue Tanis sont rectilignes et filants, ceux de l'immeuble collectif se poursuivant même sur le mur-pignon ; celui à l'extrémité du rang de la rue Fournier est composé de barreaux horizontaux et sa forme suit la courbure du mur… En comparaison du reste du bâti intra-muros, la Seconde Reconstruction a largement fait appel aux balcons, même s'ils restent peu nombreux et majoritairement mis en œuvre dans les habitats collectifs : à peine six autres balcons ont en effet été repérés intra-muros (dont un détruit récemment).

Le traitement des baies

Les fenêtres présentent un traitement très caractéristique : grandes baies horizontales, bandeau plat en béton monobloc qui encadre toute la baie ou petit appui et linteau saillants constitués d'une fine bande de béton, parfois associée à des ébrasements à ressauts. Bien qu'il ne soit pas identique pour tous les rangs - ni dans la présence systématique de tous les éléments ni dans la manière de les associer -, ce traitement des baies distingue sans équivoque le bâti de la Seconde Reconstruction du reste des immeubles de la ville.

En fonction des rangs, les baies peuvent être encadrées en intégralité pour tous les niveaux (rue Thiers, rue Tanis côté pair et façade-pignon du n°1 de la même rue, rue des Lombards, rue Victor-Hugo), seulement au premier (rue Salengro côté impair, ) voire même pas du tout. C'est le cas dans les rangs les plus modestes qui ne présentent alors que des appuis et linteaux en béton (rue Salengro côté pair, rue Saint-François, rue Baillon, rue Jean-Baptiste-Lebas) mais également pour les façades sur rue du rang 1-15, rue Tanis. Le traitement avec des entourages en bandeau saillant est identique à ce que Lurçat a proposé au même moment pour Maubeuge. Il est possible qu'ils relèvent du même mode constructif : ce sont des pièces préfabriquées, qui existent en plusieurs modules, et dont la mise en œuvre permet aux chantiers d'avancer rapidement.

Dans le lotissement construit à l'emplacement de l'ancien arsenal, on trouve également de nombreux exemples de triplets de baies, généralement au second niveau dans l'axe de la porte d'entrée, sur les murs-pignons des maisons en bout de rang (n°1 rue Jean-Baptiste-Lebas à l'extrémité du rang rue Saint-François mais aussi n°2 et 24, n°45 rue Baillon...), ou ceux des maisons semi-mitoyennes de la rue Salengro. Ce type de baies, qui associe trois petites baies séparées par un fin trumeau de brique et un appui et un linteau en béton n'existe pas dans les autres immeubles Seconde Reconstruction repérés ici.

Un dernier modèle de baies a été découvert rue Goa sur la maison n°5 mais également sur la façade-pignon du n°15, rue Tanis qui donne sur cette rue : il s'agit d'une baie verticale enserrée entre deux petites baies carrées et partageant le même linteau.

Enfin, l'immeuble 1, rue Tanis présente l'unique bow-window troué pour les immeubles de la Seconde Reconstruction, et l'un des deux à l'échelle de la ville close.

Les grandes fenêtres horizontales, que l'on retrouve dans tous les bâtiments de la Seconde Reconstruction sont caractéristiques de l'architecture moderne, et prônées par Le Corbusier dès les années 1930. Dans les rangs les plus modestes (rues Saint-François ou Baillon), elles sont généralement cantonnées au rez-de-chaussée, les étages supérieurs conservant des fenêtres verticales plus "classiques". Dans les rangs contenant des maisons plus grandes, elles sont également présentes au second niveau et au troisième niveau lorsqu'il existe (rue Victor-Hugo, 1-15, rue Tanis) ainsi que dans l'attique (40-60, rue Tanis, rue des Lombards).

Pour les immeubles rue Thiers et Goa, toutes les baies d'un même niveau sont séparées par un trumeau en brique et réunies dans un même cadre, ce qui accentue le sentiment d'horizontalité de la façade.

Les hublots (ou oculus) en revanche sont une spécificité de l'architecte Mélon, sans doute héritée de sa période Art déco. Ils sont présents sur les maisons et immeubles du rang de la rue Fournier, sur ceux de la rue Tanis, de la rue des Lombards et de la rue Thiers, sur les maisons semi-mitoyennes rue Carlier, c'est à dire 6 sur les 17 ensembles de la Seconde Reconstruction recensés. Cependant, ces oculus ne sont jamais présents sur toutes les façades du rang. Ainsi pour le rang 1-15, rue Tanis seuls en portent les n°1, 5 et 7 et les n°40, 44, 50 à 60 ; pour le rang 40-60 de la même rue, rue des Lombards, seul le n°27 est concerné. Rue Fournier, seul l'immeuble n°1 à l'extrémité du rang porte un oculus du côté de la rue principale, mais le 15, place Leclerc en présente également sa façade latérale et ils sont systématiques pour chaque maison du rang, au deuxième niveau des façades arrière. Il n'y a pas d'emplacement déterminé pour les oculus : étages en attique pour le rang 40-60, rue Tanis ou à l'arrière du rang rue Fournier, au centre de la façade au dessus de la porte d'entrée pour le rang 1-15, rue Tanis et sur les maisons semi-mitoyennes rue Goa. Les immeubles collectifs isolés (rue Thiers et Goa) n'en présentent pas.

La dernière particularité des baies de la Seconde Reconstruction est de présenter des appuis avec une cuve intégrée, appelés "appuis jardinières", faute de terme approprié existant. Seuls trois rangs sont concernés, et la présence d'un appui jardinière n'est pas systématique pour toutes les maisons ou immeubles du rangs : seuls les n°7, 13 et 15, rue Tanis, 25 et 27, rue des Lombards et un immeuble sur deux rue Fournier en présentent. Sauf pour l'immeuble n°17 place du Général-Leclerc (extrémité du rang rue Fournier) où ils décorent les baies du troisième niveau, ce sont à chaque fois des baies du second niveau qui en sont pourvues. Ces appuis particuliers n'existent pas en dehors des immeubles de la Seconde Reconstruction.

Des exemples de "façadisme"

L'ensemble des maisons où seule la façade, ou une partie de la façade, a été refaite rentre dans cette catégorie. Ces maisons, qui occupent la même emprise au sol aujourd'hui que celle figurant sur le cadastre de 1897, n'ont pas été détruites entièrement pendant la guerre.

Elles présentent des similitudes stylistiques avec les autres immeubles de la Seconde Reconstruction, en particulier l'utilisation systématique de briques uniformes posées en appareil demi-brique typique de la seconde moitié du XXe siècle, et parfois les baies horizontales (7 et 12, rue Joffre). Les entourages de baies ne présentent pas d'uniformité : entièrement en brique comme au 14-16, rue Thiers, ou avec cadre en béton comme au 12 et 7, rue Joffre. Dans ce dernier cas cependant, bien que l'aspect rappelle les baies mises en œuvre par Mélon à Maubeuge, l'assemblage est celui traditionnel de pièces séparées de l'encadrement de la baie (linteau, appui et pieds-droits). Cela tendrait à prouver que ces maisons n'ont pas été intégrées dans le plan de reconstruction de la ville.

Une autre particularité de certaines de ces maisons est l'entourage des baies en brique émaillée brune ou noire (voir dossier IA59005743 : "De la brique pour embellir les façades"). Ces baies, de forme verticale, sont présentes sur tous les niveaux de façade. Elles sont visibles sur les immeubles à boutique 4 et 12-14 rue Fournier, 40-42, rue Joffre ainsi que sur la maison 7, rue Carlier. D'après le témoignage du fils de l'entrepreneur, toutes ces façades ont été refaites par l'entreprise Désertot. Ce sont les seuls exemples de ce type de baies répertoriées, à l'échelle de la ville intra-muros.

Enfin, pour certaines de ces maisons, seule une partie de la façade a été refaite : le second niveau pour le n°12, rue Joffre, la partie gauche pour le n°40-42, rue Joffre et celle droite pour le n°14-16, rue Thiers. Dans ces deux derniers exemples, le rez-de-chaussée est commun aux deux parties de l'immeuble, qui ne se différencie donc qu'à partir du second niveau.

D'autres exemples montrent la volonté de s'inscrire dans le style de la Seconde Reconstruction, mais sans grands moyens financiers. Ainsi, les maisons du 7, rue Joffre, 39, place du Général-Leclerc et 18, rue de Strasbourg offrent la particularité de ne compter qu'une travée unique, où seule une partie de la façade a été modifiée (baies, briques...). Ainsi, dans le cas de la maison rue Joffre, l'entourage des baies est constitué non d'un cadre monobloc comme dans le cas des maisons reconstruites dans le cadre du MRU, mais de quatre montants différents.

Conclusion

Bien qu'inégalement réparti dans la ville, le bâti de la Seconde Reconstruction occupe presque un quart du territoire communal intra-muros. C'est un habitat très typé qui tranche sur le reste du bâti. Il présente des particularités stylistiques qui lui sont propres : oculus, baies horizontales, casquettes, briques régulières et de couleur uniforme, omniprésence du béton, absence de décors sur les façades, appui jardinière. Bien qu'elle s'intègre dans l'urbanisme ancien en termes de gabarit comme de voirie, la Seconde Reconstruction produit des formes bâties spécifiques et inexistantes jusque-là au Quesnoy : un lotissement concerté, des immeubles d'habitat collectif ou des maisons semi-mitoyennes.

Les caractéristiques communes présentées par le bâti de la Seconde Reconstruction confirment l'hypothèse que cette dernière a été confiée à un architecte unique, sans doute secondé par des architectes d'exécution plus locaux. La tradition orale (enfants d'entrepreneurs ayant participé à la reconstruction en particulier) attribue à Mélon la reconstruction du Quesnoy. Le traitement des baies identiques au modèle déposé par Lurçat dans le cadre de la reconstruction de Maubeuge - architecte avec lequel Mélon a activement collaboré -, l'organisation similaire à celle des immeubles que Mélon a construits pour Lurçat pour cette même ville (qui se retrouve dans l'immeuble 70-72, rue Thiers) ou encore l'utilisation des oculus, attestée dans des constructions de Mélon dans le Val de Sambre (par exemple la maison du docteur Despret à Aulnoye-Aymeries construite en 1947 : [IA59001876]) corrobore également cette hypothèse. Faute d'archives relatives à la reconstruction du Quesnoy après la Seconde Guerre mondiale, il reste cependant imprudent d'affirmer avec certitude que Mélon est l'architecte nommé par le MRU pour la reconstruction du Quesnoy.

  • Toits

Bibliographie

  • AUXENT, Béatrice, DEBRABANT, Bernard. Le Quesnoy, connaissance d'une ville forte ou la métamorphose d'un lieu. Lille : CAUE (Conseil Architecture Urbanisme et Environnement) du Nord, 1999. 53 p.

  • FRANCE. DRAC-Service de l'Inventaire général Nord-Pas-de-Calais. A. Danis et M. Melon, architectes du XXe siècle dans le bassin de la Sambre, Nord. Réd. Sophie Luchier, photos Olivier Marlard, graphisme Eddy Stein. [Lille] : Association C. Dieudonné, CAUE du Nord, cop. 1995. Non paginé [20] p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 23 cm. (Itinéraires du patrimoine, ISSN 1159-1722 ; 91).

Documents figurés

  • Le Quesnoy. Vue aérienne de la ville, 1936 (IGN. Photothèque nationale. 1936).

  • Le Quesnoy. Vue aérienne de la ville, 1949 (IGN. Photothèque nationale. 1949).

  • Le Quesnoy. Vue aérienne de la ville, 1957 (IGN. Photothèque nationale. 1957).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Girard Karine
Girard Karine

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.

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