Dossier d’œuvre architecture IA80002528 | Réalisé par
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • inventaire topographique, Amiens métropole
Le village d'Allonville
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Amiens Métropole - Amiens
  • Commune Allonville
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    château, église, école, mairie, gymnase, calvaire, abreuvoir, place, four

La mention d´une paroisse au milieu du 12e siècle constitue le premier témoignage de l´existence du village, dans lequel une école est attestée en 1680, vraisemblablement fondée à l´initiative de Jean de Longueval, propriétaire des terres d´Allonville en 1662.

La destruction du château, au milieu du 17e siècle, s´accompagne vraisemblablement de celle d´une partie du village, qui pourrait être confirmée par la baisse de population entre 1640 et 1698.

Le cadastre napoléonien figure plusieurs lotissements qui peuvent illustrer ce renouvellement du bâti et son extension, liés à la croissance de population entre 1698 et 1772. Cette croissance qui semble durer jusqu´au milieu du 19e siècle est ensuite suivie d´un déclin important, passant progressivement de 705 habitants (1866) à 653 (1878) et 497 (1896). Il traduit l´important exode rural lié à la concentration du bassin d´emploi à Amiens dans la 2e moitié du 19e siècle et à l´absence d´activité industrielle dans la commune, malgré les tentatives infructueuses d´Alphonse Vaysse de Raineville au début du 19e siècle (fabrique de sucre) et au milieu du 19e siècle (ferme école).

Cette évolution est sensible dans l´évolution du bâti (doc. 9) avec un nombre important de constructions neuves, autour de 1840, puis du renouvellement (démolition ou transformation), confirmé par la réflexion de l´instituteur qui indique que les chaumières sont remplacées par habitations plus vastes ; il existe cependant peu d´habitations à étage, comme le montrent les cartes postales du début du siècle.

Au début et à la fin du 19e siècle, l´habitat est principalement concentré dans le village qui est aujourd´hui la seule agglomération de la commune.

La morphologie du village est exemplaire du site castral, malgré le déplacement du château, dans le 3e quart du 17e siècle, voire même dès le 16e siècle. On observe cette même implantation à Cagny et à Boves, où un château résidentiel est reconstruit dans le village au début du 17e siècle.

Le développement de la population dans la première moitié du 19e siècle explique la présence de deux écoles, également encouragées par les châtelains qui fondent une fabrique de sucre (1812-1815), puis une ferme-école (1849-1852) dans le village et la construction d´une mairie école en 1855. La construction d´une nouvelle église (1850), projetée dès 1836, constitue un autre indice de la relative prospérité du village durant la 1ère moitié du 19e siècle.

Au 20e siècle nouvelle mairie école et salle de sports pour village résidence

On observe, comme ailleurs, la mutation de l´implantation du bâti (19e siècle) se traduit par un resserrement de la trame viaire (constructions à l´alignement de la voie) puis la disparition des espaces partagés, en particulier celle de la place du village (à l´emplacement école actuelle), et des activités commerciales (2e moitié 20e siècle). Ici, cependant, deux des trois mares du village sont conservées.

Le repérage.

Aux édifices structurants le développement du village (château, église, cimetière) s´ajoutent les équipements dont il se dote au 19e siècle (mairie, écoles) et les édicules qui participent à la structuration de l´espace social (croix, monument aux morts), voir à son embellissement (groupe sculpté).

Dans le domaine de la demeure, un certain nombre d´édifices ont été repérés, principalement du 19e siècle, exemplaires par leur typologie des activités villageoises : anciens cafés (rue des Auges et Grande-Rue), ancien magasin d´alimentation (5, rue du Bout-de-la-Ville), anciennes fermes (rue des Auges). Ces édifices parfois modestes témoignent des matériaux de construction utilisés (pan de bois, brique) ou encore des dispositifs à cour fermée avec dépendance sur rue (33 rue des Auges), qui apparaît au milieu du 19e siècle.

La dimension esthétique, un des indices de la référence au modèle urbain, est sensible à la fin du 19e siècle avec l´introduction de la polychromie (5 Grande-Rue ou encore 10 rue des Auges). Le village compte également quelques rares maisons bourgeoises du 19e siècle (presbytère, 7 Grande-Rue, 11 rue des Auges) et une demeure du 18e siècle (Beauregard, 2 rue du Bout-de-la-Ville).

Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1909), la première mention de la paroisse d´Alunvilla date de 1147 ; elle dépend du doyenné de Mailly. Allonville est une seigneurie de la châtellenie de Picquigny, en 1300. Le château est détruit par les Espagnols au milieu du 17e siècle. La paroisse compte 300 habitants, en 1698, 375 en 1772.

La carte de Cassini (1760-1789) figure un village comprenant église paroissiale et château, à l´écart des voies de grande communication, en limite d'un territoire essentiellement boisé.

Le cadastre du début du 19e siècle (doc. 1) figure une agglomération de type village-rue en double Y ramifié à un îlot, qui s´étend au sud du château ; elle comprend alors 170 maisons et 6 dépendances agricoles. Les maisons sont construites en fort retrait de la voie. Seules 7 maisons sont implantées à l´alignement et 2 perpendiculairement à la voie. Dans les lotissements visibles sur le plan, apparaissent de nombreux alignements formés de 2 à 6 unités de propriétés. Un calvaire est figuré à l´extrémité sud du village. Deux places et trois mares apparaissent sur le plan. L'une au sud du château, l'autre à l'est de la maison, dite de Beauregard.

Les cartes postales du début du 20e siècle (doc. 2 à 8) montrent la présence de nombreuses constructions en rez-de-chaussée alignées sur la rue (maisons, commerces ou encore granges) et de rares habitations à étage carré.

Les matrices cadastrales conservées aux archives départementales signalent 176 maisons et 1 moulin, en 1840. L´importance des constructions nouvelles, en particulier en 1842, s'accompagne de nombreuses démolitions ou de la conversion de maisons en bâtiment rural ou en grange (doc. 9). Un rapport de 1859, conservé aux archives départementales (série M), indique que 45 communes du département ont créé une commission d´assainissement des logements insalubres, dont 25 dans l'arrondissement d'Amiens. Parmi les communes de l'aire d'étude quatre se dotent d'une commission et rédigent un rapport en 1853. A Allonville, le rapporteur indique que plus de 50 maisons manquent d'air et de fenêtres ouvrantes pour sa circulation, "les ouvriers et les pauvres sont logés trop à l´étroit mais il n´y a point de remède à cette situation" (rapport du 26 juin 1853).

Les recensements de population attestent une baisse importante de population et du nombre de maisons, à partir de 1846. Le village compte 180 maisons et 787 habitants, en 1836 ; 196 maisons et 762 habitants en 1846 ; 116 maisons et 308 habitants en 1936. Dans celui de 1881, apparaît un "quartier russe" formé de deux maisons et comprenant 16 habitants (3 palefreniers, 2 cochers, 1 chef de haras).

L'activité textile (coupeurs de velours et coupeurs) disparait progressivement au profit d'une activité agricole.

La réponse au questionnaire de 1878, rédigée par l´instituteur, indique que la commune compte 2 écoles pour 653 habitants.

Selon la notice géographique et historique rédigée en 1899 par J.-B. Jourdain, une école est attestée en 1680. A la fin du 19e siècle, le village compte une école de filles et une mairie-école de garçons. Il mentionne la transformation du village au 19e siècle, où "des habitations plus vastes et plus confortables ont remplacé les chaumières" et rappelle que la paroisse compte 400 habitants en 1640 et que la commune compte 705 habitants en 1866. Il attribue la baisse sensible de la population, dans la 2e moitié du 19e siècle, à l'important exode rural.

Selon François Ansart (2000), les deux principaux acteurs de l'évolution du village sont Jean de Longueval (1620-1692), qui fait l´acquisition des terres d'Allonville en 1662, où il fait construire un château résidentiel à l'emplacement d'une ancienne forteresse, et Louis Charles Alphonse Vaysse de Longueval, dit de Rainneville (1775-1857), membre du conseil municipal en 1807, puis préfet du département en 1817. Celui-ci se consacre au développement de l'industrie (une fabrique de sucre, installée dans les dépendances du château en 1812, emploie 44 personnes ; elle cesse son activité peu après 1815) et de l'agriculture (développement de la culture de la pomme de terre et de la betterave, amélioration des méthodes de culture). En 1812, il exploite un cinquième de la superficie des terres labourables du terroir d'Allonville et loue ses terres à 52 fermiers. Vers 1830, il s'équipe de nouveaux matériels et fait construire de nouvelles dépendances agricoles (écuries, étables à vaches, bergerie, granges, etc.). Il crée une bergerie de 500 bêtes et contribue au développement de l'élevage moutons mérinos destiné aux manufactures de laine peignée. En 1849 il fonde la ferme école du Petit-Mettray, à laquelle il affecte un tiers de son domaine labourables, soit 130 hectares, en s'inspirant de la colonie agricole de jeunes détenus de Mettray (Indre-et-Loire). En 1851, l´école compte 14 élèves de 10 à 24 ans (recensement de population). L´ouvrage sur les fermes écoles publié en 1872 indique que la ferme école d'Allonville, fondée en 1849, ferme ses portes en 1852.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Comme le montre le cadastre actuel, le village présente une configuration de type village-rue en double Y ramifié, juxtaposée au site du château. Une ramification secondaire forme un îlot. L'agglomération est reliée à une voie secondaire (route départementale) par un carrefour à rond-point semi-circulaire qui juxtapose l'accès au village et l'accès au château.

Une mare occupe le centre du village, vers lequel convergent les rues principales, où s'élève également le monument aux morts. Une seconde mare est située au niveau du carrefour de la rue du Bout-de-la-Ville et de la rue du Moulin, au sud du village. L´emplacement de l'église, au bord de la route de Querrieu, est périphérique par rapport à l'agglomération mais proche centre du village et du château (détruit).

Le bâti prend place entre l'emplacement du château et le pôle de jonction secondaire (carrefour de la rue du Moulin et de la rue du Bout-de-la-Ville), « entre cour et jardin » avec dépendance alignée sur la rue, puis en retrait dans les lotissements de type poche à dessertes internes qui s'étendent au sud et à l'ouest du village. Une grande exploitation agricole et une demeure occupent de vastes parcelles situées au sud, à la périphérie du village. Une petite place est visible au niveau de la demeure, dite de Beauregard.

  • Typologies
    plateau ; village-rue en double Y ramifié formant îlot (1)
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Somme. Série 5 M ; 99M 98540/118. Logements insalubres. Arrondissement d'Amiens.

  • AD Somme. Série O ; 99 O 181. Allonville (avant 1869).

  • AD Somme. Série O ; 99 O 183. Allonville (1870-1939).

  • AD Somme. Série P ; 3 P 20/3. Matrices cadastrales 1841-1881.

Bibliographie

  • Les fermes - écoles ou écoles professionnelles de l'agriculture. Paris : imprimerie nationale, 1872.

    p. 7, 14
  • SOCIETE DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie. Tome I : Arrondissement d'Amiens, cantons d'Amiens, Boves et Conty. Amiens : Société des antiquaires de Picardie, 1919. Réed. Bruxelles : Editions culture et civilisation, 1979.

    p. 123-126
  • ANSART, François. Seigneurs d'Allonville et Rainneville. Amiens : François Ansart édit., 2000.

Documents figurés

  • Allonville. Plan cadastral. Développement du bourg, [1810] (DGI).

  • Allonville. Route de Cardonnette, carte postale, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Rue du Haras, carte postale, phot. R. Lelong à Saint-Fuscien, édit. Delucheux-Fossé, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville. La Grande Rue, carte postale, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). Rue des Auges, carte postale, édit. Veuve Delacheux, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). La Rue du Bout-de-la-Ville, carte postale, édit. Veuve Fossé-Frion, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). La Grande Rue, carte postale, cliché R. Lelong à Saint-Fuscien, édit. Delucheux-Fossé, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). La Grande Rue, carte postale, cliché Boullangez fils, édit. Obré, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

  • Allonville (Somme). La Grande Rue, carte postale, cliché Boullangez fils, édit. Obré, 1er quart 20e siècle (AD Somme ; collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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