Dossier d’œuvre architecture IA80001299 | Réalisé par
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

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  • patrimoine de la villégiature, La Côte picarde
Lotissement communal 1 à Mers-les-Bains
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de la Somme
  • (c) SMACOPI
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bresle Yères - Ault
  • Commune Mers-les-Bains

Le lotissement 1 (classement chronologique des lotissements du quartier balnéaire) est le premier programme foncier de la commune de Mers. A l'origine, ces terrains communaux étaient marécageux, situés en contrebas de la digue naturelle de galets. Le plan du terrain à lotir est dressé le 24 avril 1873, puis modifié le 23 juillet 1873 par Geoffroy, ingénieur des Ponts et Chaussées. Le plan du lotissement est dressé le 18 juillet 1874 par Delorasse, agent voyer de la circonscription d'Ault. Le cahier des charges est établi le 2 août 1874 et approuvé par la préfecture de la Somme le 13 août 1874. Il stipule que les acquéreurs sont tenus de construire dans les deux années qui suivent l´adjudication et aussitôt après l´établissement de la chaussée, d´ériger à leurs frais des trottoirs contre les constructions (1,50 m. de largeur) avec bordure de pierre dure et ruisseau de 40 cm. de large pour écoulement des eaux. Une délibération du conseil municipal du 12 août 1875 mentionne la demande faite par divers propriétaires des terrains situés le long de la rue de la Plage (actuelle esplanade en front de mer), tendant à obtenir la location devant leurs constructions de petits jardins en remplacement des trottoirs prévus dans le cahier des charges. Il est décidé que ces jardinets auront une largeur de 3 mètres pour un prix annuel de location de 1 franc le mètre carré. Cette prescription est dictée dans le cahier des charges du 10 juin 1876 stipulant par ailleurs que les jardinets seront réalisés aux frais des propriétaires en remplacement du trottoir prévu au plan du 27 mars 1874. Un cahier des charges de 1887 introduit le renouvellement du bail de location des jardinets en bordure de digue et précise que ceux-ci doivent présenter des angles coupés aux intersections de voies. L'article 5 prévoit que les terrains loués seront séparés de la voie publique par un grillage en fer ou en fonte reposant sur un soubassement de maçonnerie de briques recouvert d´une pierre de stinkal ou d´un sabot en fonte. Le dessus du grillage ne devra en aucun cas dépasser les 1,20 m. au-dessus du sol. En 1879, une parcelle de terrain supplémentaire, située le long de la rue Jules-Barni, est aliénée (à l'emplacement des magasins de commerce actuels). Cette portion de terrain résultait du nouvel alignement de la rue depuis la création du lotissement en 1873. Un cahier des charges est établi le 19 avril 1879, pour 8 lots, et définit entre autres que 'dans le courant de l´année, les acquéreurs seront tenus de construire un mur de soutènement élevé à 0,50 m. au moins au-dessus de la chaussée afin de permettre à la commune de compléter le remblai le long du terrain vendu. Dans un délai de 2 ans, doivent construire un trottoir de 1,50 m. avec caniveau'. Le plan de 1873, premier projet de lotissement [fig. 1] montre l'établissement de 13 îlots entre la plage et la route nationale 15 menant au Tréport, dont 3 sont encore des propriétés privées. La limite territoriale avec la Seine-Maritime et la présence du fortin en bord de mer empêchent alors tout projet vers le sud. Ce sont finalement les îlots 10, 11, 12, 13 14 et une partie du 9bis qui sont lotis [fig. 6]. Ce dernier îlot, en partie privé (terrain Buzeaux), voit ses lots 10 à 17 non réalisés. Les tailles des parcelles varient de 44 à 114 mètres carrés, et le prix de ce mètre carré varie selon la vue que l'on a sur la mer : les lots sans vue sur mer sont à 10 francs le mètre carré, les lots avec vue oblique sont à 15 francs le mètre carré, et les lots en front de mer sont à 20 francs le mètre carré [fig. 7]. Une des premières constructions est une habitation pour la marquise de Fontenille en 1876 (1982 AH 869), mais l'on note encore des projets au cours du 1er quart du 20e siècle (1982 AH 730, 731). L'ensemble des maisons élevées au nord du front de mer a été détruit après la Seconde Guerre mondiale : construites par Verlyck, architecte à Paris, sur des terrains appartenant à Gonnet, elles sont visibles sur certaines cartes postales ou photographies [fig. 8]. Elles laissent actuellement une dent creuse, une seule maison occupe actuellement les lots.

Le lotissement est situé au nord du quartier balnéaire, entre la falaise et la plage. Le plan du lotissement actuel est conforme au plan dressé en 1873 : les rues rectilignes, parallèles ou perpendiculaires à la mer, se croisent à angle droit. La place à pans coupés qui devait naître du croisement des actuelles rues Henri-Leboeuf et Raspail, n'a pas par contre été réalisée, les lots sur l'angle n'ayant pas été construits. Les îlots n'étant pas comblés, ce sont les façades postérieures des constructions du front de mer qui sont visibles [fig. 13, 14, 15]. L'actuelle ruelle des Matelots est un ancien sentier qui menait de l'église à la plage dont l'usage a été préservé à l'arrière des constructions implantées le long de la rue Jules-Barni [fig. 11, 12]. Les édifices ont été construits sur les lots d'origine, et plus fréquemment par réunion de parcelles accolées, voire traversantes. Sur ces parcelles traversantes ont été fréquemment construits des garages, ce qui induit des percées visuelles dans les îlots [fig. 16, 20]. Les constructions sont en majorité des habitations, mais l'on note aussi la présence d'hôtels de voyageurs ou pensions de famille, en front de mer (Hôtel du Casino), ou le long d'une voie commerçante (17 rue Jules-Barni). De nombreux garages, anciennes écuries, sont visibles, surtout le long de la rue Jules-Barni, anciennes dépendances des maisons construites dans le lotissement [fig. 17, 18]. Les parcelles d'origine étant étroites et les prix des lots élevés, les constructions sont majoritairement élevées à l'aplomb de la rue et entre deux mitoyens. Cette même disposition a impliqué le développement d'une morphologie particulière que l'on retrouvera ensuite dans les derniers lotissements du quartier balnéaire, à savoir la maison à deux travées, jumelée ou non. En front de mer, les maisons disposent de plusieurs niveaux de logements, un au rez-de-chaussée, le (s) autres aux étages. Ce système semble avoir été utilisé par Verlyck architecte à Paris.

Documents d'archives

  • AD Somme. Série O ; 99 O 2590. Mers-les-Bains, objets généraux, biens communaux, aliénations, acquisitions, biens communaux, voirie et eau : (1870-1930).

    dossiers location de terrains (1876), aliénations

Documents figurés

  • Plan annexé au procès verbal de la conférence ouverte le 23 juillet 1873 sur le projet de lotissement (sic) des terrains communaux de Mers situés près de la batterie établie sur la côte, encre et lavis sur calque, par Geoffroy ingénieur des Ponts et Chaussées, 1873 (AD Somme ; 99 O 2590).

  • Plan du lotissement de Mers, annexé à la délibération du 6 juillet 1875, encre sur simili calque, duplicata, par Bellavoine, 3 juillet 1875 (AD Somme : 99 O 2590).

  • Plan parcellaire indiquant les jardinets à établir le long de la rue de la Plage à Mers, encre sur calque entoilé, par Bellavoine, 22 mai 1876 (AD Somme ; 99 O 2590).

  • Lotissement de Mers-les-Bains, plan des terrains à vendre et des terrains construits par M. Verlyck architecte à Paris, tirage sur papier et lavis de couleur, [s.d.] (AC Mers-les-Bains : non coté).

  • Plage de Mers, photographie en couleur, [s.n.], 2e moitié 20e siècle (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
(c) Département de la Somme
(c) SMACOPI
Justome Elisabeth
Justome Elisabeth

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie de 2002 à 2006, en charge du recensement du patrimoine balnéaire de la côte picarde.

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