Dossier d’œuvre architecture IA02010855 | Réalisé par
Barbedor Isabelle (Rédacteur)
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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  • enquête thématique régionale, La première Reconstruction
  • patrimoine de la Reconstruction
Ancien village de Quessy, dit Quessy-Centre
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération Chauny-Tergnier-La Fère - Tergnier
  • Commune Tergnier
  • Lieu-dit Quessy
  • Précisions anciennement commune de Quessy
  • Dénominations
    village
  • Appellations
    Quessy-Centre
  • Destinations
    village, quartier
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Le village de Quessy apparaît sur la carte de Cassini, à l'est du Rieu, sur la route secondaire de La Fère à Ham. La carte figure également un étang de retenue (moulin) et surtout le canal de Crozat, reliant Chauny à Saint-Quentin, avec écluses et corps de garde.

Le cadastre de 1824 donne une représentation plus précise du village, qui compte quelques maisons regroupées le long et aux abords de la rue principale. Le cours du Rieu a été rectifié. Une manufacture est visible au nord-est du village, sur le chemin de Quessy à Vendeuil.

La carte d'Etat-Major (1820-1866) signale encore la manufacture, sous le nom de Fabrique de Quessy, et deux cendrières à proximité. Sur le canal de Crozat, les deux ponts reliant Quessy à Vouël sont toujours présents, ainsi qu'un ancien corps de garde. Au nord du village apparaît le château de Quessy, connu par des cartes postales du début du 20e siècle et par une description lors de sa mise en vente en 1894 (annexe). La voie ferrée (ligne de Creil à Saint-Quentin), qui longe le canal, coupe le village de toute la partie ouest du territoire communal, dans laquelle se trouve une fabrique visible à l'ouest de la voie ferrée.

L'annuaire-almanach signale l'usine vitriolique (alun et couperose) Gauthier Jacquemart en 1846 et 1863, fermée en 1883 (Maxime de Sars, 1935), ainsi que la fabrique de sucre Decroix et Cie, en 1863, mise en vente en 1888 (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne).

Maxime de Sars (1935) attribue le développement du village dans la deuxième moitié du 19e siècle à la présence d'industries mais surtout des ateliers de la Cie du Chemin de fer du Nord. "De nombreux employés, mécaniciens, chauffeurs, conducteurs, garde-freins, ouvriers, etc. ne pouvant se loger à Tergnier, qui n'était encore qu'un petit village, se répandirent dans les localités voisines et surtout à Quessy, où deux usines avaient déjà attiré une importante main d'oeuvre. Le personnel du Chemin de fer y trouvait un loyer plus modique avec un coin de jardin." Il signale 198 maisons abritant 327 ménages à la fin du 19e siècle et la construction de 50 nouveaux logements de 1890 à 1900.

Les recensements de population confirment cette augmentation importante de la population jusqu'à la Première Guerre mondiale ; Quessy passe de 561 habitants en 1851 à 1579 habitants en 1911.

Le plan d'alignement de 1919 montre que le village s'est développé vers le nord aux abords des Forceries (actuelle rue Gaston-Millet) et le long d'une voie nouvelle ouverte depuis la rue principale du village en direction du château (actuelle rue Fernand-Bouyssou), qui délimite une vaste place publique triangulaire sur laquelle ont été construits la mairie (1857), l'école de filles (1864, Dablin architecte), le presbytère (1868, Dablin architecte) et l'école maternelle (1883). Au sud, la rue reliant Fargniers à Quessy (actuelle rue Faidherbe) a été modifiée pour venir se raccorder à la rue principale au niveau du chemin de Liez (actuelle rue Fernand-Cadeau). On observe également un développement le long de la voie menant à la gare de Tergnier et aux usines édifiées à proximité. La carte spéciale des régions dévastées (décembre 1920) signale 400 maisons réparées.

Après la Première Guerre mondiale, l'augmentation importante de la population est due à la création de la cité-jardin de la Compagnie des Chemins de fer du Nord. La commune passe de 2751 habitants en 1921 à 3950 en 1936. En 1923, le village de Quessy prend le nom de Quessy-centre.

Le plan d'alignement et d'aménagement de 1919, conçu par les architectes Guidetti frères et Portier, prévoit des modifications importantes avec l'ouverture de rues nouvelles suivant une trame orthogonale et un nouveau tracé de la rue principale (rue Pasteur), entraînant le déplacement de l'église. Ce plan, dont le périmètre inclut la partie sud du village qui s'est développée sur le territoire communal de Fargniers, ne sera pas réalisé, à l'exception de la rectification et de la prolongation de la rue du Château (actuelle rue Docteur-Roux) et de l'ouverture de la rue des Ecroyères (située à Fargniers). Deux rues nouvelles sont cependant ouvertes avant 1931 : la rue d'Arguesse et la rue Ernest-Renan. Une cité provisoire (52 maisons) est installée sur les terrains des Forceries. En 1925, la commune fixe les loyers des maisons qui appartiennent à l'Etat et en fait l'acquisition l'année suivante. En 1927, elle décide la reconstruction des logements insalubres. La mairie et les écoles sont déplacés au nord de la place publique aménagée en 1927.

Le village est touché par les bombardements de 1944 qui détruisent l'église, une partie des écoles et plusieurs habitations, en particulier à proximité des voies ferrées (rue Anatole-France). Des cités provisoires sont à nouveau construites au nord du village (rue de l'Oricamps, rue du Docteur-Roux et des Forceries) vers 1948, date à laquelle le Conseil municipal décide que les rues pourront porter des noms de fleurs. Ces logements seront partiellement détruits vers 1970 (résidence Paul-Deloy) et vers 1985 (rues de l'Oricamps et des Forceries). Le plan de reconstruction de 1945 prévoit l'élargissement de certaines rues (notamment la rue Anatole-France) et l'aménagement d'un rond-point au croisement des rues Faidherbe et des Cailloux). Cependant, le Conseil municipal renonce aux aménagements prévus.

En 1946, le conseil municipal décide d'accepter la construction de huit immeubles d'Etat individuels proposée par le MRU, en raison d'une crise aigüe du logement due à "la SNCF [qui] se refuse à loger les veuves, les anciens et les nouveaux retraités qui étaient habitants de Quessy". Après la seconde guerre mondiale, Quessy, qui ne compte plus que 2310 habitants (1946), voit à nouveau sa population augmenter et atteindre 4189 habitants en 1954.

Un étang est aménagé au sud du village entre 1975 et 1979.

En 1992, Quessy devient commune associée du Grand Tergnier.

L'ancien village de Quessy est aujourd'hui un quartier de l'agglomération du Grand-Tergnier. Sa structure ancienne est encore perceptible par sa situation isolée, à l'est des voies ferrées et du canal, à l'exception de quelques maisons élevées au sud-ouest, le long de la rue Anatole-France. Au sud, rue Faidherbe, il englobe des constructions bâties sur le territoire de l'ancienne commune de Fargniers.

L'église, à son emplacement d'origine, est située dans la rue principale (actuelle rue Pasteur) mais les bâtiments communaux sont réunis au nord (mairie, groupe scolaire, salle des fêtes et ancienne école maternelle), au sud (monument aux morts) et à l'est (ancienne poste) d'une vaste place plantée, en situation centrale.

Le bâti se caractérise par un habitat de la première reconstruction (1925-1930), construit en briques et couvert de tuiles mécaniques flamandes ou d'ardoises, et de la seconde (1940-1950), construit en parpaings de béton masqués par un enduit et couvert d'ardoises, mais également par la présence de constructions plus récentes, principalement au nord (rues de l'Oricamp, Louis-Aragon, des Forceries et Paul-Deloy).

Bâti présentant des qualités architecturales à signaler : l'ancien moulin (rue du Moulin), demeures (70 rue Gaston-Millet, 26 rue Pasteur), un café toujours en activité (27 rue Pasteur) et d'anciens commerces (31, 68 et 70 rue Pasteur). Enfin de nombreuses maisons à deux unités d'habitation (principalement rue Pasteur) et une à trois logements (64-68 rue Pasteur).

  • Typologies
    vallée humide ;

Documents d'archives

  • AC Tergnier. Quessy. Registre des délibérations du conseil municipal (1919-1926).

  • AC Tergnier. Quessy. Registre des délibérations du conseil municipal (1926-1935).

  • AC Tergnier. Quessy. Registre des délibérations du conseil municipal (1936-1950).

  • "Quessy. Subvention accordée à la commune par le ministre de l'instruction publique pour la construction d'une école maternelle". Le Progrès de la Somme, 1 février 1883.

  • "Grande et belle maison bourgeoise de construction récente et parfaitement décorée". Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, 3 juin 1894, p. 2.

  • Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers : Firmin Didot et Bottin réunis.

    1840, p. 12. 1846, p. 712. 1855, p. 1392. 1863, p. 1547.
  • Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne.

    "Vente par adjudication de la fabrique de sucre de Quessy", 19 décembre 1888.
  • CHRETIEN, Abbé (d'après le manuscrit de). Pouillé de l'ancien diocèse de Noyon. Montdidier : J. Bellin, 1905.

    p. 102.

Bibliographie

  • SARS, Comte Maxime de. Quessy, passé et présent. 1935, réed. 1986.

    p. 112-113. p. 129-136.

Périodiques

  • [Extrait du 20 juin 1850]. Le Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'Arrondissement, p. 4.

    "Commune de Quessy. Adjudication des travaux de construction d'une école de filles", 14 février 1864. "Commune de Quessy. Adjudication des travaux de construction d'un presbytère", 3 avril 1868.

Documents figurés

  • Carte de la subdelegation de Chauny et de ses environs, levée sur les lieux par ordre de Monseigneur l'Intendant de la Generalitée de Soissons, à quoi ont été ajoutées les parties de rivieres de Somme et d'Oise qui s'y trouvent representées et tirées d'une carte de projet du canal de Picardie, par Legrand, 1750 (Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 ; 909 B)

  • Quessy. [Copie du] plan cadastral. Section B, dite du village, sans date (AD Aisne ; 3P0793_03).

  • Carte spéciale des régions dévastées. 22 SE, Laon [Sud-Est], [Service géographique de l'armée], 1920 (BNF Cartes et plans, GE CC-698 /22 SE-1920-2).

  • Plan de schématique l'agglomération de Tergnier et de la cité, par R. Crevet. Le maître-d'oeuvre de la reconstruction française, 1946.

  • La raffinerie de sucre François, carte postale, avant 1914 (coll. part.).

  • Tergnier dévasté (Aisne). Les ruines de la raffinerie François, carte postale, 1917 (coll. part.).

Annexes

  • Description du "château" lors de sa mise en vente (1894)
  • Activités industrielles attestées à Quessy
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Barbedor Isabelle
Barbedor Isabelle

Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.

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